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Intervention de Maxime Gremetz

Réunion du 15 novembre 2010 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2011 à 2014 projet de loi de finances pour 2011 — Reprise de la discussion

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMaxime Gremetz :

Monsieur le président, monsieur le ministre, malgré les euphémismes et les formules alambiquées du Gouvernement pour tenter de masquer la réalité, les choses sont claires désormais : c'est un véritable plan de rigueur que le Gouvernement veut imposer aux Français. Poursuite de la politique de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite – soit 30 000 suppressions de postes à temps plein en 2011 –, gel des dotations versées aux collectivités territoriales, réduction drastique des sommes dédiées aux missions d'intervention de l'État, toutes ces mesures, dictées par les marchés financiers internationaux et leurs menaces de dégradation de la notation des titres, sont inacceptables ! Ce n'est pas aux Français de payer les conséquences de la crise.

Dans ce contexte, les moyens alloués à la mission « Travail et emploi » paraissent dérisoires au regard de l'ampleur de la tâche. En effet, contrairement à ce que j'ai entendu, le chômage n'a jamais été aussi haut depuis 1999. Avec 4,5 millions de chômeurs en France métropolitaine – encore davantage si l'on tient compte de l'outre-mer –, l'affirmation du Gouvernement selon laquelle nous serions en sortie de crise apparaît comme une provocation. En un an, le nombre de demandeurs d'emploi a crû de 6,5 % – de 6,7 % avec les DOM –, soit une augmentation de près de 250 000 chômeurs. Les plus touchés sont les seniors avec un taux de demandeurs d'emploi âgés de plus de cinquante ans qui a augmenté de 16,3 % entre septembre 2009 et septembre 2010.

Seul le chômage des jeunes a diminué un peu au cours de l'année écoulée, mais il s'agit d'une conséquence des emplois aidés. En d'autres termes, c'est un effet d'aubaine qui va disparaître en même temps que ces contrats dont le nombre baisse déjà de 60 000 en 2011. Ainsi, il y a malheureusement fort à parier que le nombre de demandeurs d'emploi chez les moins de vingt-cinq ans ne reparte à la hausse prochainement.

La Picardie reste l'une des régions de France les plus durement touchées par le chômage avec un taux de sans-emplois très supérieur à la moyenne nationale. Heureusement, elle vient de gagner un ministre : cela permettra peut-être d'améliorer les choses même si son précédent passage au Gouvernement n'a pas eu d'effet.

Il reste que ce budget ne prévoit aucune mesure de rattrapage en faveur des régions défavorisées. Au contraire, dans ma région, de nombreuses multinationales ont même perçu des fonds publics pour mieux licencier par la suite. C'est le cas de Nexans, dans l'Aisne, ou de Faurecia, dans l'Oise, sans parler de la tristement célèbre entreprise Continental qui, après avoir maximisé ses profits en faisant chanter les salariés et les pouvoirs publics, a licencié plus de 1 000 personnes. À un moment où l'on demande aux Français des sacrifices immenses pour réduire un déficit dont ils ne sont pas responsables, cette gabegie témoigne d'un mépris ahurissant pour le monde du travail.

Cette situation catastrophique n'est pas en voie d'amélioration. En effet, les offres d'emplois durables enregistrées par Pôle emploi stagnent – elles augmentent de 0,5 % sur un an –, et, au vu des moyens de la mission « Travail et emploi », aucune amélioration n'est à attendre dans un avenir proche. Car contrairement à ce qu'affirme le Gouvernement, les crédits de cette mission n'augmentent pas.

Il convient d'abord de noter que si le montant des autorisations d'engagement augmente très légèrement, passant de 11,35 milliards d'euros en 2010 à 12,2 milliards en 2011, celui des crédits de paiement reste exactement au même niveau, soit 11,4 milliards d'euros en 2010 et en 2011, ce qui, compte tenu de l'inflation, correspond a une diminution. Ensuite, et surtout, cette comparaison ne tient pas compte de la fin du plan de relance de l'économie. Or, à ce titre, 1,4 milliard d'euros avait été consacré l'année dernière à des politiques de l'emploi. Les crédits alloués au travail et à l'emploi seront donc, cette année, bien inférieurs à ceux de l'année dernière.

Si l'on analyse la manière dont s'opèrent ces coupes budgétaires, on constate que ce sont notamment les dépenses de personnels et de fonctionnement qui voient leurs crédits rabotés. Inutile d'être grand clerc pour comprendre les agents du Pôle emploi qui viennent de faire une grève magnifique et de s'exprimer dans un large rassemblement. Ils savent que 1 800 suppressions de postes se préparent. Regardez le titre du supplément économique de ce soir d'un journal qui n'est pas tendancieux : « Chômage : le service public sous pression ». (M. Gremetz brandit un exemplaire du cahier Économie du journal Le Monde.) Ce journal écrit : « Le Gouvernement sortant a prévu, dans le projet de loi de finances, la suppression de 1 800 postes à Pôle emploi, mais le nombre de demandeurs d'emploi a augmenté de 3,9 % sur un an ; la qualité de l'accompagnement des chômeurs en pâtira. » Il y a plus de chômeurs et leur accompagnement est encore moins bon.

Vous avez fait un choix, et le changement de Gouvernement ne modifie rien : nous sommes dans la continuité. La continuité, c'est 80 000 milliards d'euros pour les entreprises du CAC 40 qui font des profits extraordinaires, et rien pour l'emploi.

Pour ces raisons, le groupe de la Gauche démocrate et républicaine votera contre les crédits de la mission « Travail et emploi ».

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