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Intervention de Serge Janquin

Réunion du 9 novembre 2010 à 9h30
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2011 à 2014 projet de loi de finances pour 2011 — Action extérieure de l'État

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSerge Janquin :

Je ne reviendrai pas aux chiffres accablants qui ont été cités. Il reste que ce sont naturellement les dépenses ordinaires du Quai d'Orsay qui se réduisent comme peau de chagrin. Lorsqu'on a annoncé la suppression de la publicité sur les chaînes publiques de télévision, je ne m'attendais pas à la retrouver un jour sur les cartons d'invitation de nos ambassades pour la fête nationale du 14 juillet !

Par ailleurs, je m'interroge sur les conditions dans lesquelles le ministère a récupéré les anciens locaux de l'Imprimerie nationale qui, cédés à un groupe immobilier pour 85 millions d'euros, ont été rachetés pour 325 millions d'euros, ce qui paraît un peu fantaisiste !

Au fond, nous savons bien, monsieur le ministre, qu'il y a deux conceptions, souvent présentées comme contradictoires, qui règlent les rapports entre les États. La première s'articule traditionnellement sur la souveraineté des États. Le respect de cette souveraineté reste une constante mais, porté à son paroxysme, il peut conduire à fouler aux pieds le respect des droits de l'homme et des peuples ainsi que les valeurs fondamentales de l'humanisme dans lequel nous voulons nous reconnaître. La deuxième, dont vous avez été l'inventeur brillant et attachant, est celle de l'ingérence, afin d'empêcher l'inacceptable dans les rapports entre les nations, entre les États et leurs peuples.

Malgré les promesses du candidat Sarkozy, malgré son choix de vous nommer à ce poste, la ligne qui était la vôtre a été abandonnée. L'aventure du renouvellement de la diplomatie, à laquelle vous avez rêvé, a été délaissée et a fini par sombrer. Tout l'art de la gestion des affaires extérieures de l'État est de tenir des deux conceptions, de construire en permanence leur dépassement et de ne jamais abandonner l'une pour l'autre.

Quand François Mitterrand disait que les pacifistes étaient à l'Ouest et les fusées à l'Est, il conjuguait en un raccourci saisissant les deux lignes de force qui soutiennent, depuis le général de Gaulle, la politique étrangère de la France.

Au lieu de cela qu'avons-nous vu ? Depuis l'accueil surréaliste du colonel Kadhafi, en passant par le soutien au Kazakh Nazarbaïev, la modération de la condamnation de l'agression israélienne à Gaza, jusqu'à l'accueil du président chinois Hu Jintao à l'oreille duquel, paraît-il, on a murmuré la question des droits de l'homme, sans oublier l'Afrique où, apparemment, MM. Guéant, Bourgi et Balkany s'occupent de représenter l'État, la France apparaît comme tutrice des transmissions de pouvoirs par hérédité et garante de la mise en charpie des lois constitutionnelles, quand elle n'apparaît pas crûment comme l'amie des dictateurs.

Alors que, depuis 1945, avec des révisions de positions d'un côté ou de l'autre de l'échiquier politique, la politique étrangère de la France a souvent réuni un fort consensus sur l'essentiel, elle « clive » aujourd'hui la nation. Elle est sans élan, sans foi, sans loi, sans perspectives. Certes, elle communique, beaucoup, mais pas assez avec le Parlement. Elle masque mal son absence de sincérité et de dessein. Pour ces raisons qui tiennent au sens des choses, nous ne pourrons pas souscrire à l'insignifiance des crédits de votre ministère. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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