Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, sur quels éléments peut-on juger la politique extérieure de la France ?
D'abord sur la clarté des objectifs et la constance, la volonté dont on fait preuve à les poursuivre. Malheureusement, sur ce chapitre, on remarque surtout des renoncements à l'indépendance nationale, des initiatives mal préparées, improvisées et qui dépérissent, l'abandon des valeurs sur lesquelles le candidat Sarkozy s'était engagé et qui se sont perdues dans les contraintes désormais totalement assumées de la Realpolitik.
C'est ensuite sur la capacité à entretenir des rapports constructifs avec ses partenaires, à soutenir ses alliés sans être complaisant, à tenir bon face aux fauteurs d'atteintes aux droits de l'homme et aux droits des peuples, d'offensives guerrières civiles ou étrangères, sans faiblesse mais sans arrogance, pour exprimer un rayonnement qui dépend avant tout des valeurs de notre République, sans lesquelles elle n'est plus elle-même, elle n'est plus reconnue comme porteuse d'un message universel, trop occupée qu'elle est à des gesticulations médiatiques.
C'est, enfin, sur les moyens mis en oeuvre, c'est-à-dire un budget, des outils, une représentation diplomatique et consulaire, une présence culturelle et linguistique, sans lesquels rien de ce qui touche les objectifs et l'art de les atteindre ne peut réussir.
Est-il bien utile que je brosse le tableau complet d'un ministère désormais exsangue, auquel la RGPP annonce des années plus dures encore, comme si le bateau n'était pas déjà touché sous la ligne de flottaison ? Cessons d'invoquer la crise : avant la crise, les coupes financières étaient déjà sévères, et rien ne promet des lendemains meilleurs.
Hors les murs de notre assemblée, d'anciens ministres des affaires étrangères – Hubert Védrine, Alain Juppé – s'en inquiètent à juste titre.