Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Alain Bocquet

Réunion du 9 novembre 2010 à 9h30
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2011 à 2014 projet de loi de finances pour 2011 — Action extérieure de l'État

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Bocquet :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'examen de la mission « Action extérieure de l'État » appelle une série de réflexions sur la politique étrangère de la France, des réflexions qui s'inscrivent dans le cadre plus vaste des efforts indispensables à l'évolution vers un nouvel ordre international capable d'assurer la paix et la sécurité dans la satisfaction des besoins sociaux.

Or nous sommes loin du compte et, de ce point de vue, je veux redire les dangers de la réintégration de la France dans le commandement militaire de l'OTAN. On voit bien, en Afghanistan, ce qu'il en est de l'influence renforcée qui devait en résulter pour notre pays.

Ces questions reviennent au premier rang de l'actualité, après la signature d'accords de coopération militaire entre la Grande-Bretagne et la France. Au-delà des objectifs d'économies mis en avant, ces décisions confirment surtout l'engagement militariste du Gouvernement. Elles renforcent aussi le mépris dans lequel est tenue l'exigence d'application du traité de non-prolifération.

Chacun sait l'importance de cet enjeu de l'arme nucléaire et comment il pèse, par exemple, sur le Moyen-Orient, où Israël en dispose. L'année qui s'achève a vu s'accumuler de nouveaux obstacles sur la voie de la négociation entre Israël et la Palestine, comme les déclarations de Benyamin Nétanyahou affirmant qu'Israël ne renoncerait jamais à un Jérusalem unifié et ne retournerait jamais aux frontières de 1967, ou encore l'attaque meurtrière contre la flottille humanitaire destinée à Gaza.

À ce sujet, quelles dispositions, la France entend-elle prendre dès à présent, tant au sein de l'Europe qu'auprès de l'ONU, pour que l'envoi d'un nouveau convoi de navires humanitaires annoncé au printemps 2011, dont un français, ne donne pas lieu au même massacre ?

Face au refus de geler le processus de colonisation, et à l'exigence d'imposer aux Palestiniens la reconnaissance d'Israël comme État juif, il ne faut pas simplement que « cesse » la colonisation, comme l'a dit le Président de la République. Il faut une négociation pour une sécurité partagée et l'édification d'un État palestinien indépendant. La France doit agir avec fermeté, notamment pour la levée du blocus de Gaza.

En ce qui concerne l'Afghanistan, la guerre américaine dans laquelle le Président de la République a surengagé notre pays est sans issue, et sans espoir pour le peuple afghan.

Face à cet échec patent, la France et l'Europe doivent revendiquer l'élaboration, avec l'ONU, d'un engagement favorable à la sécurité, à la reconstruction, et à la souveraineté du peuple afghan. Il est urgent de favoriser un consensus des pays de la région pour dégager une solution politique. Les troupes françaises et toutes celles de l'OTAN doivent se retirer.

Par ailleurs, le Parlement doit être tenu informé de l'évolution des efforts engagés pour la liberté d'Hervé Ghesquière, de Stéphane Taponier et des otages retenus avec eux.

Nous avions évoqué en 2009 la situation en Iran et le risque de voir notre pays marginalisé sur la question du nucléaire iranien. Ces craintes restent d'actualité à l'heure où cet enjeu appelle un effort multilatéral pour le désarmement et une démilitarisation d'ensemble, et alors que Nicolas Sarkozy prétend « défendre les États qui se sentiraient menacés par Téhéran ».

À ces enjeux s'ajoute le problème de l'Irak, après le massacre de la cathédrale de Bagdad, qui confirme tragiquement l'urgence d'agir pour trouver des issues politiques partagées aux conflits du monde.

S'agissant du budget proprement dit, je ferai, après mon ami et camarade François Asensi, plusieurs remarques.

Ce projet, dans la lignée des précédents, ne répond pas à la nécessité d'une diplomatie conquérante. Il poursuit une politique nocive de rationalisation des moyens et prévoit 160 suppressions d'emplois au titre du non-remplacement d'un départ sur deux. Cela représente une baisse de 20 % en quinze ans.

L'action de la France dans le monde est de nouveau contrainte par les versements obligatoires aux organisations internationales, en progression de 105 millions d'euros, tandis que les autres postes de ce premier programme sont en recul.

Les moyens pour la diplomatie culturelle et d'influence diminuent, à périmètre constant, de 1,8 %.

Après François Asensi, je ne reviens pas sur le quatrième programme relatif au coût de la présidence française du G20 et du G8, mais je rappelle que la Cour des comptes avait déjà épinglé le surcoût de la présidence française de l'Union européenne en 2008.

Au total, ce projet de budget n'est rien d'autre que le juste reflet de la crise d'un ministère « sinistré » – le mot est de Jean-Christophe Rufin –,…

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion