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Intervention de Patrick Braouezec

Réunion du 8 novembre 2010 à 16h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2011 à 2014 projet de loi de finances pour 2011 — Reprise de la discussion

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Braouezec :

Madame la présidente, madame et monsieur les secrétaires d'État, mes chers collègues, le budget alloué à la politique de la ville s'établit pour 2011 à 618 millions, subissant, pour la troisième année consécutive, une baisse de 84 millions d'euros. Nous le déplorons.

Pourtant, compte tenu des enjeux du programme 147 – établir une politique d'équité sociale et territoriale et améliorer les conditions de vie des quartiers populaires –, et du rapport de nos collègues François Goulard et François Pupponi pointant que «les écarts en termes de pauvreté, de chômage, d'accès aux soins et des résultats scolaires ne se sont pas réduits depuis la loi du 1er août 2003 et qu'à certains endroits ils se maintiennent à des niveaux préoccupants», ce budget aurait dû afficher d'autres ambitions. En un mot, il manque de projets, particulièrement pour les citoyens qui vivent dans les quartiers populaires.

Pourtant, le rapport de nos collègues aurait dû engager le Gouvernement à penser, et donc à budgéter, ce que doit être la ville de demain, incluant tous les citoyens du coeur de la ville à sa périphérie, et luttant contre ce que qu'impose la mondialisation libérale à la ville.

Au nom de l'intérêt supérieur de l'argent, la ville se doit d'être « utile », en offrant des infrastructures et des services urbains susceptibles d'attirer les investisseurs, de promettre des niveaux de productivité élevés et de garantir la paix sociale. Et peu importe si la concentration urbaine, accompagnant la concentration des capitaux, bouleverse les relations et le rapport ville-territoire. Cette ville mondialisée produit de nouvelles formes urbaines, qui se traduisent par des inégalités croissantes dans la distribution des richesses.

Dans ce cadre-là, la rénovation urbaine mais aussi la politique d'équité sociale et territoriale devraient être beaucoup plus la préoccupation du Gouvernement. Certains quartiers souffrent encore beaucoup trop de l'errance, de la misère, du rejet, de la marginalisation, de l'exclusion sociale, avec pour conséquence pour une partie de la population, et particulièrement les jeunes, la difficulté à s'inscrire dans l'espace qui leur est attribué, qui, pour certains, est souvent synonyme de déviances.

Ce budget, comme ceux de l'emploi, de l'éducation, de la santé, de la sécurité ou de la justice, manque de moyens. Nos quartiers, où la réalité parfois violente est associée à un chômage endémique, sont souvent laissés à l'abandon. Sous prétexte de rénovation, des zones entières d'habitat sont détruites et leurs habitants expulsés encore plus loin du lieu où ils avaient construit leurs relations sociales, se trouvant ainsi doublement marginalisés. Ajoutons à cela que tout ce qui concerne la revitalisation économique et l'emploi est particulièrement maltraité par le Gouvernement. Ainsi cette action subit-elle une baisse de 50 millions de crédits liée à la baisse des compensations d'exonération de charges en zones franches urbaines et zones de redynamisation urbaine.

Comme viennent de le dire Pierre Gosnat et Jean-Yves Le Bouillonnec, ce budget n'est pas à la hauteur de l'impérieuse nécessité de construction dans notre pays.

Pour compléter le tableau, tout ce qui pourrait engendrer de la mixité sociale est oublié au profit d'une communautarisation sociale forcée. La politique de la ville menée par le Gouvernement tente, par tous les moyens, de déposséder des citoyens des attributs de la citoyenneté, préférant répondre aux injonctions des règles du marché en les considérant comme des agents économiques.

Il aurait mieux valu s'interroger sur la place des villes dans une mondialisation sans vergogne et sur les conséquences induites par cette nouvelle donne dans les sociétés d'aujourd'hui. Il est largement reconnu que les villes, les plus grandes surtout, doivent arrêter leur processus d'exclusion, de marginalisation des populations. Pour ces citoyens exclus, marginalisés, le lien social s'est très souvent délité à cause d'un chômage qui n'a jamais été aussi élevé, et l'accès aux droits économiques, sociaux et culturels mais aussi civils et politiques n'est pas préservé.

Face à cette mondialisation à marche forcée qui vient s'installer dans les villes, dans les quartiers et jusque dans les relations entre citoyens, des alternatives existent. Encore faut-il y réfléchir et se donner les moyens pour que la ville devienne inclusive, la ville attendue par les citoyens de ce pays.

Il ne pourra y avoir de réponse à cet enjeu qui pèse sur la vie de millions de personnes sans l'écoute de leur parole et sans une politique budgétaire marquant une réelle volonté d'aller vers cette exigence de la ville inclusive. C'est aussi pour cela que le groupe GDR refusera de cautionner votre budget. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

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