La deuxième priorité, c'est de mieux accompagner l'insertion et l'autonomie des jeunes, notamment par des expérimentations territorialisées.
À ce sujet je vais aller tout à fait dans le sens indiqué par René-Paul Victoria, qui sait qu'il y a cinq ans, j'étais ministre du logement et de la ville, et que j'étais dans un pôle de cohésion sociale : dans un contexte économique difficile, nous sommes passés de 10,2 % à 7,2 % de chômage, nous avons triplé le financement du logement social, quintuplé le financement du logement très social, injecté 15 milliards d'euros dans les mille quartiers les plus défavorisés de notre pays pour les métamorphoser, rien que cela !
Cette réussite témoigne d'une manière différente de gouverner : nous avons su rassembler et concentrer sur les mêmes territoires, à partir d'objectifs partagés, un certain nombre de politiques qui étaient auparavant dispersées entre des collectivités locales aux compétences multiples et variées.
Vous pourrez vérifier que, dans ce qui a été voté cette semaine par la commission mixte paritaire, la capacité des collectivités locales à financer ou à co-financer les politiques de jeunesse n'est pas remise en cause. Nous avons décidé de jouer de la même dynamique que celle de la rénovation urbaine pour mener cette politique de construction humaine de l'adulte en devenir qui s'appelle le jeune. Tel était bien le sens de l'interpellation que lançait, poétiquement, grâce à Charles Baudelaire, René-Paul Victoria.
Ce fonds d'expérimentation jeunesse, madame Girardin, madame Buffet, ne s'éteint pas. Il y a des dotations budgétaires, mais comme nous ne dépensons pas tout, il monte en puissance progressivement. En cumulant tout, nous aurons dépensé 35 millions d'euros en 2009 ; 75 millions plus les 59 millions du plan de relance en 2010 ; 133 millions plus les 25 supplémentaires de ce budget pour alimenter les laboratoires, soit 158 millions d'euros, en 2011 ; et nous prévoyons de dépenser 168 millions en 2012, et 178 millions en 2013.
Ainsi, cette année, les crédits effectivement dépensés sur le terrain – vous savez bien ce qu'est un budget, puisque beaucoup d'entre vous sont des élus locaux – s'élèvent à de 70,2 millions en 2010 et s'élèveront à 148,3 millions en 2011.
Optiquement, le budget ne traduit pas la réalité de ce qui est injecté : je l'ai dit et c'est vrai.
Vous avez souligné l'intérêt qu'il y avait de s'occuper des jeunes précocement et de faire de la prévention et j'ai précisé que nous allions injecter 28 millions d'euros. Avec les crédits pour les plateformes de lutte contre le décrochage scolaire nées de nos expérimentations, qui sont dans le budget de 2010 mais qui seront dépensés en 2011, ce sont bien 24 millions d'euros de plus qui vont servir à repérer, à réorienter, à remettre dans une spirale positive les jeunes en situation de décrochage ou d'absentéisme.
Avec les 30 millions d'euros sur le revenu contractualisé de l'autonomie, qui était lui aussi budgété pour la fin 2010 mais qui sera dépensé en 2011, ce seront autant de crédits supplémentaires qui arriveront. Il suffit de faire l'addition de tout cela pour s'apercevoir que le budget va passer de 192 millions d'euros injectés effectivement en 2010 à plus de 300 millions d'euros injectés en 2011, soit quasiment plus de 50 % d'augmentation.
Vous pouvez toujours dire que ce budget est un budget en récession, en régression. Simplement, je vous répondrai que vous avez une drôle de conception de l'arithmétique ; et c'est un ingénieur qui vous le dit.