Je me réjouis donc, naturellement, que le budget du ministère de la culture et de la communication soit en hausse de 2,1 %. J'apprécie plus particulièrement l'augmentation de 1,6 % des crédits consacrés au patrimoine et le maintien des moyens alloués aux monuments historiques à leur niveau de la précédente loi de finances, pour leur entretien ou leur rénovation.
Je n'ignore pas la contribution de l'État à la conservation et à la mise en valeur de notre patrimoine monumental. L'exemple du château de Vincennes, que je connais bien en tant que député de cette ville, m'amène cependant à m'interroger sur la rationalité des procédures en vigueur.
Ce monument, emblématique de notre histoire nationale, a besoin de gros travaux de rénovation non seulement pour sa mise en valeur, mais aussi pour la sécurisation du site. Or les études et les programmes d'opération s'empilent, qu'il faut régulièrement actualiser, faute d'une décision et d'un engagement des travaux. Le dernier chantier s'est achevé il y a bientôt deux ans. Neuf études se sont superposées ces dernières années, six programmes d'opération ont été élaborés, hélas sans suite. Ils ont mobilisé des énergies, nécessité des fonds. N'y aurait-il pas là matière à rationalisation ?
Au même titre que le patrimoine, les archives constituent la mémoire de la nation. En atteste le choix du site parisien des Archives nationales pour y implanter la Maison de l'histoire de France, voulue par le Président de la République. Leur mise en valeur constitue un enjeu fondamental, et je me réjouis donc de la prochaine ouverture du centre d'archives de Pierrefitte, ainsi que des crédits consacrés aux archives départementales.
En tant que rapporteur de la mission « Anciens combattants, mémoire, et liens avec la nation », je suis amené depuis des années à m'intéresser aux archives militaires, mémoires elles aussi de notre histoire, et au devenir du service historique de la défense. Dans le cadre des nouvelles mesures décidées au titre de la RGPP, il est prévu un renforcement de la politique d'archives de l'État. Un pilotage interministériel doit être mis en place avant la fin de l'année 2010. Il associera au ministère de la culture et de la communication les directions des archives des ministères de la défense et des affaires étrangères, ainsi que les autres départements ministériels. J'aurais souhaité, monsieur le ministre, que vous nous précisiez l'état d'avancement de ce projet, avec ses deux priorités : créer une plate-forme interministérielle d'archivage et définir une politique éditoriale commune de valorisation et de diffusion aux chercheurs et aux particuliers des archives numérisées par la création d'un portail commun. Quel est l'état de la réflexion sur ce projet qui doit permettre de mettre plus facilement à disposition du public les documents d'archives ?
Enfin, au-delà des financements, la mise en valeur du patrimoine et de la culture peut aussi passer par une mise en réseau des structures existantes, afin de générer des synergies.
C'est pourquoi, dans mon département, le Val-de-Marne, j'ai formulé une proposition au Gouvernement, sur laquelle j'aurais été heureux de recueillir votre avis, et votre soutien.
Elle part du constat de la richesse patrimoniale de l'Est parisien. Le château de Vincennes en constitue le fleuron, mais le Val-de-Marne compte 113 monuments historiques classés ou inscrits, sans oublier ce patrimoine, tant naturel que culturel, que constituent les bords de la Seine et de la Marne. Le département est aussi particulièrement riche en matière de mémoire et d'archives, avec l'ECPAD, le service historique de la défense, l'Institut géographique national, le musée de la Résistance nationale, la médiathèque de l'architecture et du patrimoine, la cité de l'immigration ou encore l'INA, dont je note avec satisfaction que les crédits seront en hausse l'an prochain.
Ces institutions, dont la localisation est souvent méconnue du grand public, pourraient être rassemblées au sein d'un réseau cohérent et être ainsi mieux identifiées, développées, fréquentées. Elles seraient amenées à travailler ensemble, donnant naissance à des synergies intellectuelles et culturelles, vivifiant l'imagination, la création et donc la production et la diffusion artistique.
Elles pourraient se développer en symbiose avec la nouvelle culture qu'est le développement durable, en les liant aux institutions, très nombreuses également dans l'Est parisien, centrées sur l'homme, la nature, le vivant. Je pense, par exemple, à l'INSEP, au zoo de Vincennes, à Météo France, à l'École vétérinaire de Maisons-Alfort.
Le moment est d'autant mieux choisi pour lancer ce concept, qui pourrait être baptisé « axe bio-culturel », qu'il coïncide avec la mise en place du Grand Paris, mais aussi avec les dynamiques concomitantes des différentes institutions évoquées. Dans ce contexte, un tel projet serait susceptible de susciter enfin de l'enthousiasme et de donner une identité forte à l'Est parisien, territoire trop souvent perçu comme vide.
Un projet de ce type peut contribuer au développement économique. En permettant à la population de se réapproprier son patrimoine, il est créateur de lien social. Il est aussi de nature à alimenter la créativité. La connaissance du passé est en effet nécessaire pour imaginer l'avenir.
Votre projet de budget nourrit ce cercle vertueux, où la connaissance de la culture passée nourrit la création culturelle de demain, et j'y apporte naturellement tout mon soutien. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)