La culture pour tous, c'est effectivement la mise à disposition de la culture pour tous. Comment ne pas voir dans l'extraordinaire développement des lieux culturels dans notre pays depuis quarante ans, une extraordinaire mise à disposition des oeuvres de l'esprit ? Une extraordinaire possibilité pour chacun de fréquenter la culture sous toutes ses formes ?
Certes, les publics, toujours plus nombreux, ne représentent pas l'ensemble des strates sociales de notre pays, loin s'en faut. C'est que, chacun le sait, l'accès à la culture ne peut dépendre de votre seul ministère. Ne prenez pas sur vous toute la misère du monde ! Si nombre d'équipes artistiques, de médiations culturelles agissent en ce sens avec pugnacité et succès, c'est aussi l'affaire de l'éducation, notamment l'éducation nationale. Il est donc incorrect d'imputer ces absences à la seule action de votre ministère.
Vous cherchez, pour appuyer votre slogan, dans les outils déjà présents de la démocratisation culturelle – pratiques amateurs, accès à la culture des publics empêchés, en prison ou à l'hôpital. Tout cela est bien beau ! Mais avec quels crédits, puisque vous acceptez de les baisser : moins 6,18 % pour l'action « Éducation artistique », moins 15,72 % pour les actions d'accès à la culture.
Bref, un discours sur la culture pour chacun pour donner le change et masquer la réalité qui est l'abandon d'une réelle politique de démocratisation culturelle, faute de lui donner les moyens nécessaires. Il est facile ensuite d'en relever les insuffisances, voire l'échec.