Cet amendement a trait à la rénovation à mi-vie des Mirage 2000D, soit 77 appareils en parc actuellement. Cette rénovation devait être engagée en 2011, pour satisfaire aux objectifs du Livre blanc de disposer, à terme, d'un parc homogène de 300 avions polyvalents air et marine, dont 270 en ligne. Cette rénovation était d'ailleurs mentionnée dans la loi de programmation militaire, la livraison de cinq appareils étant prévue au titre de la loi 2009-2014 et de 72 au titre de la prochaine.
Il s'agit de transformer un appareil mono-mission – le Mirage 2000D actuel – qui a été conçu au moment de la guerre du Golfe pour un scénario de haute intensité, avec un système d'armes articulé autour de capacités air-sol, en avion multi-rôles, capable d'intervenir dans des conflits de basse intensité ou de « contre-insurrection », comme on dit chez nos alliés, en Afghanistan par exemple, pour assurer un appui à des troupes au sol lorsqu'elles sont au contact et pour participer à la police du ciel dans le cadre de la posture permanente de sécurité.
Ces missions nécessitent des moyens de communication avec les troupes au sol, des armements qui puissent être coordonnés avec précision, un nouveau pod de désignation laser – afin de réduire les risques de tirs fratricides –, un nouveau radar, pour détecter une cible aérienne, ce que ne permet pas l'actuel radar de pointe avant du 2000D, optimisé pour le suivi de terrain qui était sa mission première.
Ces évolutions sont possibles, puisqu'elles ont été réalisées dans l'urgence, avec des fonctionnalités partielles et sur une partie de la flotte, sur le théâtre des opérations afghan, où six appareils ont été engagés. Elles sont nécessaires, l'évolution de notre flotte d'avions de combat conduisant à la sortie de service des Mirage F1 – les derniers sortant en 2014. Le Mirage F1-CR est doté de deux capacités : l'une de renseignement images, avec le pod Reco NG aujourd'hui intégré sur le Rafale, l'autre de renseignement électronique, avec le pod ASTAC, que le F1-CR est seul à posséder. Le pod ASTAC permet d'établir l'ordre de bataille adverse, c'est-à-dire de repérer la situation des systèmes de défense de l'adversaire et de programmer nos propres systèmes de contre-mesure électronique. C'est là tout l'enjeu : la capacité d'entrer en premier.
Je sais que l'on va m'objecter qu'il existe aujourd'hui d'autres systèmes de mesure électronique. Mais l'avion de chasse – le F1-CR aujourd'hui, le Mirage 2000D demain – présente un avantage unique, celui d'être capable à la fois de monter assez haut pour disposer d'une couverture lointaine et d'entrer à très basse altitude et à très grande vitesse pour forcer l'ennemi à sortir ses systèmes d'illumination et de poursuite, ce qui permet de recueillir le maximum de renseignements avant l'entrée en premier. C'est l'enjeu de la présence du pod ASTAC sur le Mirage 2000D rénové : une capacité indispensable non seulement pour entrer en premier, mais aussi, comme je l'ai dite en commission, pour les besoins de la mise à jour des bases de données de la direction du renseignement militaire.
Si nous ne dotons pas nos avions de ce pod, nous allons perdre pour au moins cinq ans les capacités que je viens de décrire. L'idée est d'amorcer la rénovation du 2000D – ce qui ne nécessitera pas les 700 ou 800 millions d'euros prévus initialement – en équipant un certain nombre d'appareils 2000 D du pod ASTAC, afin qu'en 2014, à la sortie de service des derniers Mirage F1-CR, nous gardions la capacité, en attendant d'être en mesure d'envisager une rénovation plus complète du 2000D. Je ne sais pas si vous en ferez la proposition, monsieur le ministre, mais je suis tout à fait disposé à prendre part à une réflexion sur cette question dans les mois à venir.