Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, c'est un beau symbole pour moi que de tenter de vous livrer quelques réflexions, malgré une attaque virale qui me rend quasiment aphone, en ce jour où notre pays reçoit sur son sol le représentant de la première puissance démographique, grande dévoratrice de matières premières dont nous aurons tant besoin dans le monde à venir, qui, il y a plus d'un an, a décidé unilatéralement de diviser de moitié ses exportations de terres rares.
Nous vivons dans un monde où faute de moyens démographiques et financiers, mais aussi parfois faute de volonté de se confronter aux réalités de la guerre, de la vie et de la mort, les nations occidentales ne sont plus capables de mener une opération terrestre continentale de manière continue pendant plusieurs années. Nous allons ainsi nous replier d'Afghanistan avec, malgré le travail de nos hommes, des résultats qui ne sont pas ceux que certains de nos alliés escomptaient il y a encore quelques années.
Nous devons tirer de cet engagement une leçon : il nous faut tout faire pour être mobiles, pour pouvoir frapper fort et vite. Dans ce cadre, le bouclier de la nation pour les vingt ans à venir sera certainement la marine avec sa flotte. Tout doit être fait pour soutenir l'aéronavale, engager la construction d'une deuxième coque, plus simple sans doute que celle du Charles-de-Gaulle – le bien nommé –, afin de disposer de cette capacité de puissance et de projection des forces. Tout doit être fait pour ne pas nous laisser à nouveau enliser dans des conflits au sol, dont les forces vives de la nation n'ont, malheureusement, parfois plus la volonté : plus le service avance, plus grande est la difficulté à supporter les morts.
Au niveau continental, le moment est venu de réfléchir sérieusement à sortir l'effort de défense des critères de Maastricht. Un effort de défense véritable serait, nous le savons bien, de l'ordre de 2 %, et non pas inférieur à 1,6 %. Or je crains qu'à nouveau nos voisins allemands, alliés et concurrents principaux, profitent de l'effort important de défense que feront la France et le Royaume-Uni pour, en désarmant massivement, réinvestir dans les biens de consommation. Je souhaite que notre pays conserve sa souveraineté et la possibilité pour le chef de l'État, chef des armées, d'agir.
Enfin, le primat ultime de la dissuasion doit être rappelé au moment où j'entends quelques-uns, dans certaines familles politiques, s'imaginer pouvoir maintenir la garde en diminuant le nombre de têtes nucléaires. Il est essentiel que tout soit fait au niveau industriel, y compris dans nos plus petites PME, pour conserver cette souveraineté essentielle. Nous devons veiller à ne pas nous laisser obnubiler par des partenariats qui seraient, au bout du compte, à sens unique. J'ai parlé de nos voisins allemands, cela vaut aussi pour les services de Sa Majesté auxquels nous ne devons pas sacrifier nos soeurs latines, Italie comprise, qui nous lancent quelques messages.
Par conséquent, un effort de recherche doit être poursuivi dans un domaine qui ne doit pas obérer la dissuasion nucléaire : celui de la défense antimissile balistique, pour lequel la marine a des atouts extrêmement sérieux à faire valoir.
Je voudrais conclure en rappelant que rien ne remplacera le patriotisme, la transmission aux générations futures des grandes valeurs de la nation, de nos ancêtres, les commémorations des grandes victoires. Je le répète encore à cette tribune : je souhaite que la France cesse de ne plus commémorer les grandes victoires comme Austerlitz. Aller à Trafalgar, c'est très bien, mais, monsieur le ministre, même si cela vous semble anodin, il nous incombe, à nous responsables politiques, d'inculquer à nos enfants les valeurs de la patrie et de la nation. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe UMP.)