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Intervention de Christian Ménard

Réunion du 4 novembre 2010 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2011 à 2014 projet de loi de finances pour 2011 — Défense

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristian Ménard :

Monsieur le président, monsieur le ministre, chers collègues, alors que nous examinons le budget de la défense, qu'il me soit permis d'appeler votre attention sur le phénomène sans cesse croissant de la piraterie maritime. S'il est un fait que l'opération Atalanta, engagée par la France et notre Président dans le golfe d'Aden, a permis de juguler les actes de piraterie et de montrer que l'Europe pouvait en certaines occasions unir ses forces dans le domaine de la défense, il n'en demeure pas moins que nous ressentons aujourd'hui les limites de cet exercice.

Après une pause relative, on assiste, en effet, à une recrudescence de ces actes, commis par des pirates de plus en plus hardis, n'hésitant pas à parcourir mille kilomètres, voire plus, pour accomplir leurs forfaits, descendant désormais jusqu'au canal du Mozambique, approchant les côtes des Seychelles et se dirigeant vers l'Inde. Ces pirates sont également mieux renseignés, mieux armés, mieux organisés, tant et si bien que nous nous trouvons souvent en face, non de pauvres hères, comme on voudrait nous le faire croire, mais de véritables groupes mafieux.

Nul ne contestera les conséquences engendrées par ce phénomène : risque pour les navigants, retentissement économique du fait de l'allongement des trajets, augmentation des primes d'assurance, entre autres.

Si dans le détroit de Malacca, les trois pays riverains – Malaisie, Indonésie, Singapour – ont pris les choses en main, en créant des patrouilles communes et en jugulant ainsi sérieusement les actes de piraterie, il n'en est malheureusement pas de même pour le golfe d'Aden, la Somalie et une partie des pays côtiers de l'Océan Indien : les États de cette zone sont bien souvent dénués de potentiel de défense et la Somalie, pour une bonne partie de son territoire, n'est plus un État de droit.

Ceci est très grave car le phénomène a valeur d'exemple. Regardez donc ce qui se passe dans le golfe de Guinée où se multiplient les exactions contre les plates-formes pétrolières et les bateaux qui en assurent la maintenance.

Les raisons de tels actes sont avant tout mafieuses même si elles sont masquées par des revendications politiques qui, bien souvent, ne trompent personne. À cela s'ajoute une corruption généralisée, affectant tous les milieux.

Le danger est d'autant plus grand dans toutes ces régions que le terrorisme n'est pas loin. Somalie, corne de l'Afrique, golfe de Guinée : il est aujourd'hui à proximité immédiate. Et si les preuves nous manquent pour établir l'existence d'une synergie entre piraterie et terrorisme, on est aujourd'hui autorisé à penser qu'il y a, dans certains cas, en dépit de leur antinomie, certaines convergences. C'est dire l'urgence qu'il y a à trouver des solutions.

Or à quoi assistons-nous ? À la multiplication de colloques, de conférences internationales, de conférences régionales. Bref, rien n'avance : l'Europe piétine, le monde piétine. Aucun acte concret n'est décidé. Pourtant la solution existe, elle est à terre.

Dans notre pays, des entités se sont organisées, et non des moindres. Elles ont conjugué leurs forces et sont en mesure de présenter aujourd'hui, pour la corne de l'Afrique, une solution vertueuse, dépassant le domaine militaire, qui ne nuit nullement à nos accords diplomatiques ou à nos relations internationales. Malheureusement, monsieur le ministre, vous le savez comme moi, les choses sont loin d'être simples en France.

Cela fait un an que je travaille, avec d'autres, sur ce projet, qui a pour nom « SEAPHORA » et nous ne levons les obstacles que peu à peu alors qu'il y a urgence et que des solutions innovantes et simples s'offrent à nous. Je vous lance donc aujourd'hui un appel : analysez vite nos propositions pendant qu'il est encore temps ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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