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Intervention de Gérard Charasse

Réunion du 4 novembre 2010 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2011 à 2014 projet de loi de finances pour 2011 — Défense

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGérard Charasse :

Monsieur le président, monsieur le ministre, chers collègues, nous sommes effectivement dans « l'encoche », selon l'expression consacrée, de la loi de programmation militaire ; 2011 devait être son point bas, nous y sommes. À y regarder de plus près, ce n'est pas une encoche, mais une entaille. Dois-je rappeler que nous sommes à un moment de profonde mutation et que, pour y faire face, la programmation est indispensable ? Il est vital de s'y tenir de manière qu'à l'instant « T », les outils de souveraineté, quels qu'ils soient, puissent être à notre disposition. Cette entaille a un impact sur la programmation triennale : décalage du programme SCORPION, décalage du programme de surveillance et de commandement des opérations aériennes, décalage de la rénovation des Mirage 2000D ; report du CERES, système clé dans l'effort de renseignement que nous devons accomplir ; report du MRTT qui va entraîner une utilisation complémentaire de nos C-135FR qui risquent au final de connaître quatre générations de pilotes.

S'ajoute à cette inquiétude sur les programmes et donc sur la fragilité d'un outil de défense en pleine mutation, une perplexité sur la construction budgétaire puisque nous y voyons un milliard de recettes exceptionnelles. Nous avons un doute légitime, et je ne reviendrais pas sur ce qui s'est passé l'année dernière.

S'agissant des personnels qui méritent notre reconnaissance, je ne vais évoquer, dans les cinq minutes imparties, qu'une chose simple, infime dans la masse budgétaire : l'amendement que nous avons de nouveau déposé pour la prise en compte des deux années de scolarité des anciens élèves des trois premières promotions de l'école d'Issoire. Nous avons un consensus sur le principe ; les coûts ont été arrêtés. Que cette mesure soit désormais appliquée ne serait que justice : c'est à la portée du budget. Faites-le, monsieur le ministre.

Enfin, je veux revenir sur notre positionnement d'abord pour dire qu'il faut clarifier. Nous sommes dans une période de mutation qui nécessite une adaptation de notre outil de défense. Par nature, les radicaux ne s'inscrivent pas dans la logique qui consisterait à s'installer sous le parapluie d'une autre puissance. Nous avons défendu la dissuasion, nous continuons de la défendre. C'est pourquoi j'avais favorablement accueilli les réserves du Gouvernement sur la participation à un éventuel bouclier antimissile, énième successeur du Ballistic Antimissile Boost Interceptor – dit « Bambi » – des années soixante.

Il se trouve que les dernières déclarations du Président de la République tournent le dos à cette logique puisque j'ai lu que nous serions « prêts à y apporter notre contribution ». À ce gage supplémentaire donné à l'OTAN, j'oppose deux arguments.

D'abord, la crise. Nos amis britanniques ont annoncé une réduction de 8 % d'ici à 2015 de leurs dépenses militaires. Nos amis allemands ont décidé de diminuer leurs effectifs et, probablement, leurs équipements en quatre ans. Je viens d'évoquer la situation de la France. Il est donc temps d'évoquer, au niveau européen, une mise en commun des moyens et des efforts, voire une véritable ambition stratégique commune au service d'une certaine autonomie stratégique et d'une capacité de se protéger.

Ensuite, nous savons tous que la relativité de la puissance américaine devient une évidence et Washington, inquiet d'un monde où les cartes se redistribuent très vite et de la situation financière de l'Union, recherche de nouveaux partenaires dans le domaine de la sécurité, qui ne sont pas réellement compatibles avec les impératifs de défense européens.

Nous sommes donc là dans une situation tout à fait particulière. Les militaires disent souvent que sur un théâtre d'opération, l'intelligence consiste à faire d'une contrainte une opportunité. Sur la défense européenne, je forme le voeu que nous soyons intelligents ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur plusieurs bancs du groupe UMP.)

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