Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le budget de la défense qui nous est soumis est audacieux, clairvoyant et pragmatique, ce qui ne m'empêchera pas d'exprimer quelques inquiétudes légitimes.
Ce budget doit beaucoup à l'audace du Président de la République, sans lequel les très récents et ambitieux accords franco-britanniques n'auraient pu être signés. Le hasard des calendriers fait que notre débat s'ouvre deux jours à peine après ce sommet. Il me semble indubitable que ces accords n'auraient pu être envisageables sans la confiance que la France a su créer par la décision prise par le Président de la République de revenir dans l'organisation militaire intégrée de l'OTAN ; j'étais pourtant pour ma part plutôt sceptique.
Permettez-moi aussi de vous faire part de ma conviction que ces accords permettront aux deux pays de réaliser des économies tangibles, qu'il s'agisse de la coopération sur la sécurisation des armes nucléaires – ce qui témoigne d'une confiance sans équivalent –, de la mutualisation des moyens de formation et de soutien – pour laquelle, vous le savez tous, je plaide depuis plusieurs années –, ou du rapprochement de nos groupes aéronavals et de notre future coopération en matière de drones. Ces accords permettront à nos deux pays de rester des puissances globales à un coût maîtrisé.
Dans le contexte qui prévaut depuis la fin de l'année 2008 avec la crise financière, il me semble que nous devons saluer la clairvoyance du Gouvernement et son courage politique ; je pense même que l'opposition pourra s'y associer. La décision de maintenir l'effort de défense dans un tel contexte n'était pas facile à prendre. Je me félicite de voir maintenus le budget d'équipement et surtout celui de la recherche et développement.
Le chef de l'État a eu le courage de demander à toutes les administrations de participer aux efforts de maîtrise des déficits publics. En tant que chef constitutionnel des armées, il a posé clairement la question essentielle de savoir dans quelles proportions la défense pouvait participer à l'effort sans remettre en cause la cohérence et l'équilibre de notre outil militaire, alors même que nos armées sont engagées dans de profondes réformes depuis de nombreuses années déjà. Cette question est d'autant plus importante que la crise économique et financière qui nous frappe s'est déclenchée au plus mauvais moment envisageable, compte tenu de notre endettement.
Il y a quelques mois, certains dans cet hémicycle imaginaient déjà que le Livre blanc serait oublié. Or il n'en est heureusement rien.
Ce projet de budget est pragmatique. Nous savons, monsieur le ministre, combien vous êtes attentif à ce que nos forces aient les moyens non seulement de remplir leurs missions mais aussi de poursuivre la nécessaire modernisation de notre outil de dissuasion : ce double objectif est atteint.
L'une des plus grandes forces de notre pays est la volonté de préserver sa liberté.