Du chemin reste à faire, monsieur le ministre.
Les partenaires de Lisbonne sont-ils en situation de trancher entre une OTAN purement défensive ou expéditionnaire, militaire ou civilo-militaire, capable d'affronter les nouveaux risques cybernétiques et énergétiques ?
La seule décision concrète qui risque d'être prise à Lisbonne est celle de la défense antimissile, mais personne n'en connaît le contenu exact ou, plus exactement, tout le monde en devine les desseins. La question du système antimissile est un enjeu politique majeur pour l'avenir. Le porte-parole du Pentagone – je parle évidemment de M. Rasmussen, dont le bruit court qu'il est aussi secrétaire général de l'OTAN (Sourires) – tente de vendre aux opinions européennes l'idée qu'une somme de 110 millions d'euros sur dix ans leur permettrait de se protéger de missiles balistiques les menaçant. Ce discours trompe les opinions publiques. Passons sur le fait qu'un récent rapport du Pentagone démontre les constants échecs techniques de ces missiles, et que, s'ils fonctionnaient, ils ne résisteraient pas à une frappe saturante. Quiconque est habituée aux programmes de défense sait qu'une telle somme ne financerait même pas les études amont. Évitons de nous poser la question de savoir qui engagerait le feu : évidemment, ce seraient les Américains. Constatons, enfin, que ce concept est en contradiction totale avec le concept français ou britannique de dissuasion.