Légiférer, faire des rapports, c'est bien. Mais il faut être en contact avec la réalité. Monsieur Goasguen, nous avons parlé des urgentistes ; ils ont eu la parole. Je m'exprimerai à présent en tant que pharmacienne. J'ai affaire depuis des années à des personnes bénéficiaires de l'aide médicale d'État. Vous voudriez en faire des fraudeurs, des voleurs de poules, des délinquants. (Protestations sur plusieurs bancs du groupe UMP.) La réalité, c'est qu'en majorité, ce sont de pauvres gens. Certes, ils sont en situation irrégulière. Certes, un petit pourcentage cherche sans doute à frauder le système, comme dans tout système. La sécurité sociale est capable d'aller voir. (« Non ! » sur plusieurs bancs du groupe UMP.) Mais ces amendements sont inacceptables.
Au lieu de partir dans des délires, il faut rappeler les chiffres : l'aide médicale d'État représente 540 millions d'euros, soit moins de 0,3 % des biens médicaux consommables en France, qui s'élèvent à 160 milliards d'euros. Le nombre de détournements, je le répète, est peu élevé. De même, les personnes concernées, dans leur grande majorité, ne sont pas privilégiées par rapport aux bénéficiaires de la CMU. Elles se voient refuser plus facilement des soins en médecine libérale : 17 % des bénéficiaires de la CMU s'en voient refuser, contre 30 % pour les bénéficiaires de l'AME.