Je voudrais, par ailleurs, évoquer l'accès aux soins. Madame la ministre, vous êtes pharmacienne. Or je me suis rendu, il y a une quinzaine de jours, dans une pharmacie située à côté de mon cabinet médical. J'ai constaté que, pour des raisons financières, l'un de mes patients choisissait à la carte les médicaments que je lui avais prescrits. Je n'imaginais pas que ce soit possible. Un pays rencontre un gros problème de précarité et de pauvreté lorsqu'on y choisit les médicaments en fonction non plus de leur efficacité, mais de leur coût.
Le député du Nord que je suis aimerait également aborder la question des spécialités, qui est particulièrement aiguë dans mon département, notamment pour les ophtalmos, où l'on a plus vite fait de prendre rendez-vous en Belgique que d'en attendre un de ce côté-ci de la frontière. La situation est vraiment dramatique.
Au-delà de ce grave problème de démographie médicale, se pose un problème d'honoraires. Le Conseil de l'Ordre des médecins dit qu'ils doivent être déterminés « avec tact et mesure ». Hélas, le tact et la mesure sont souvent dépassés. Il faudrait s'intéresser à la question d'une manière peut-être plus coercitive. Quelques spécialistes, certes minoritaires, exagèrent particulièrement : cela devrait être plus contrôlé.
Votre ministère et l'ensemble des parlementaires ici présents ont décidé la création d'une spécialité de médecine générale. C'est une excellente idée, mais sa mise en oeuvre traîne. Il est vrai que deux ministères s'intéressent au sujet, mais les facultés de médecine et quelques professeurs, qui tiennent à conserver leur pré carré, font preuve, aussi, d'une certaine frilosité. Il est des circonstances où il faut savoir faire abstraction de son propre intérêt, fût-il lié à une spécialité précise, où il faut renoncer à une forme de mandarinat encore bien vivante dans notre pays. Le Gouvernement devrait recourir à toute sa puissance pour secouer un peu des maîtres qui, en ce domaine, sont trop frileux. Il y a une soixantaine d'années, Pierre Fresnay jouait déjà dans un film intitulé Un grand patron. Il serait temps de changer de scénario. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)