Enfin, je relaie la préoccupation des associations de lutte contre le Sida ou encore du mouvement du planning familial.
Dans le cadre du transfert des compétences des groupements régionaux de santé publique aux ARS, ces associations ont vu leurs subventions brusquement baisser. Leur action de proximité, si essentielle dans la chaîne de santé, sera inévitablement restreinte.
Comment ne pas relier la politique de prévention et la baisse de prise en charge des frais médicaux ?
Avec la faiblesse de la couverture complémentaire contenue dans ce budget et des restes à charge en explosion, les Français se détournent des soins basiques. Les déremboursements successifs que vous avez promus pèsent lourdement dans le budget des ménages.
Entre 2001 et 2008, les frais de santé imputables aux Français ont ainsi augmenté de 52 %. C'est un démantèlement larvé de notre système de santé solidaire au profit des assurances privées.
Pour conclure ce premier point, j'affirme mon attachement absolu au dispositif de l'aide médicale d'État. Certains députés de la majorité, dans le sillage d'une politique de rejet de l'autre promue aux sommets de l'État, tentent d'instrumentaliser une question de santé publique pour flatter l'électorat extrême.
Le droit à la santé est sacré ; il ne doit subir aucune entrave administrative ni aucune barrière financière.
J'en viens à mon deuxième point. Les agences régionales de santé créées en 2010 répondaient à un objectif de compression de la dépense publique, c'est une évidence, mais également à la volonté d'améliorer l'offre de soins sur les territoires sous-dotés.
Les projets régionaux de santé, dont la finalisation est prévue à l'automne 2011, devront faire porter leurs efforts sur la résorption de ces inégalités territoriales, en associant pleinement les élus et les collectivités territoriales.
C'est un défi considérable, et je crains que les crédits attribués aux ARS au travers de différentes missions budgétaires ne soient pas à la hauteur de ce défi.
Combien de temps acceptera-t-on que l'espérance de vie d'un habitant de Seine-Saint-Denis soit inférieure de trois ans à celle d'un parisien, et que la mortalité infantile dans ce département soit de 5,3 décès pour 1 000 naissances, contre 3,7 à l'échelle nationale ?
Ces discriminations territoriales de santé portent une atteinte grave à l'égalité républicaine. Cet état de fait s'explique par des conditions d'existence plus difficiles, mais aussi par un moindre accès aux soins.
La densité médicale nationale se situe à 164 médecins pour 100 000 habitants, mais seulement à 125 en Seine-Saint-Denis.