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Intervention de Anny Poursinoff

Réunion du 2 novembre 2010 à 9h30
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2011 à 2014 projet de loi de finances pour 2011 — Santé

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnny Poursinoff :

Madame la ministre, nous avons débattu du financement de la sécurité sociale avant de connaître les grandes orientations de votre projet concernant la santé. C'est une façon étrange et contre-productive d'envisager nos débats, qui ont dès lors été frustrants et peut-être un peu inefficaces.

En effet, comment définir des objectifs de dépenses sans avoir fait le point sur l'efficacité des dispositifs mis jusqu'à ce jour en oeuvre, sans savoir lesquels nous voulons poursuivre, lesquels nous voulons arrêter, ou quelles innovations pourraient répondre aux besoins nouveaux ? Nous sommes, par exemple, confrontés à une épidémie de suicides et de cancers ; que faisons-nous face à ces deux préoccupants problèmes de santé publique ?

Nous savons que la précarité de l'emploi crée du stress et mène à la dépression et au suicide. Qu'attendons-nous pour mettre en oeuvre un plan d'ergonomie participative – méthode utilisée au Canada avec de bons résultats – pour améliorer les conditions de travail et recréer des collectifs de travail ?

S'agissant de l'exposition aux produits toxiques, nous savons que les agriculteurs sont particulièrement touchés. Que faisons-nous pour modifier en profondeur notre agriculture, en collaboration avec le ministère concerné qui est aussi le ministère de l'alimentation ? Adopter une alimentation saine et équilibrée serait un « plus » important en termes de santé publique. N'attendons pas de nous retrouver dans la situation de la Martinique pour protéger les populations des pesticides qui polluent les nappes phréatiques et les aliments.

Près de huit millions de personnes sont touchées, en France, par une affection de longue durée. Pourtant, ces maladies sont largement évitables. Qu'il s'agisse de l'amiante, de la poussière de bois, des pesticides, des OGM ou encore, peut-être, demain, de la laine de verre, des produits organiques persistants, des champs électromagnétiques, il est temps d'agir. Une fois les études précises menées, les résultats doivent être publiés et publics, et les réactions ne doivent pas attendre.

Il conviendrait également, dans le cadre d'une réelle politique publique de santé, de ne pas oublier le principe de précaution quand la santé est en jeu.

Au cours de nos discussions sur le PLFSS, une proposition très intéressante concernant la possibilité de trouver le financement d'une grande campagne de lutte contre le tabagisme n'a pas été retenue, alors qu'elle venait de vos bancs.

Le présent projet devrait selon nous, écologistes, donner la priorité aux petits soins primaires, qui sont les mieux à même d'éviter des dépenses plus lourdes. Le niveau de vie des 13 % de la population qui vivent en dessous du seuil de pauvreté et ne peuvent plus se soigner car ils n'ont plus les moyens de se payer une mutuelle, ne va pas dans le bon sens. L'augmentation des déremboursements et des franchises médicales touche en effet en tout premier lieu non seulement les populations les plus fragiles, mais aussi les classes moyennes. En trente ans, la part prise en charge par les complémentaires a doublé, celle à la charge du patient a quant à elle augmenté d'un tiers. Ces progressions sont emblématiques d'une société à deux niveaux.

La mise en place d'une politique d'éducation pour la santé et de prévention devrait aussi être une priorité de notre gouvernement. Il est à cet égard peu compréhensible que la santé scolaire ne fasse pas partie du budget général consacré à la santé, mais soit rattachée au ministère de l'éducation nationale.

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