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Intervention de Michèle Delaunay

Réunion du 2 novembre 2010 à 9h30
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2011 à 2014 projet de loi de finances pour 2011 — Santé

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle Delaunay :

Année après année, nous élaguons une branche après l'autre dans notre système de remboursement, sans endiguer l'accélération des déficits, alors qu'il faudrait une réforme structurelle de ce système, posant prévention et santé publique comme pierre angulaire d'une nouvelle approche. Un euro dans la prévention, ce sont six euros d'économisés dans le soin. Cela a été vérifié dans de nombreux domaines sans que nous en prenions la mesure.

Le manque de lisibilité de ce document et de notre politique en général en limite par ailleurs les ambitions. Ce qu'il faut montrer, pour que chacun, s'en pénétrant, ait à coeur d'y contribuer, c'est que la majorité des affections, maladies et accidents sont évitables. Nous pourrions diviser par deux notre facture de soins en faisant porter les efforts sur ces pathologies.

Le taux de mortalité et de morbidité par maladie évitable devrait être pour nous une obsession. Où apparaît-il dans ce document comme dans les autres ? Savons-nous s'il a augmenté ou diminué ? En clair, voulons-nous même savoir si notre politique vaut quelque chose ?

Ces maladies évitables sont pour beaucoup des maladies comportementales. Extrêmement diverses, elles vont de toutes les formes d'addiction, avec leurs conséquences, aux troubles du comportement alimentaire et aux gravissimes cancers que sont ceux du poumon et des voies aérodigestives supérieures. Où apparaissent-elles dans nos tableaux, alors que nous voudrions suivre l'effort que nous leur accordons et ses résultats ?

Les crédits de l'ensemble « Prévention, sécurité sanitaire, offre de soins » diminuent de près de 5 % et la prévention n'y représente qu'un tiers. Tous les secteurs de la prévention voient leurs crédits diminuer. Je n'évoquerai que quelques points.

Le taux de dépistage du cancer du sein marque le pas. Vous le savez, il est un parfait marqueur des inégalités territoriales et des inégalités sociales et culturelles dans notre pays. Ce taux de dépistage a stagné, voire régressé dans huit régions, et il est inférieur à 50 % dans vingt départements. Où trouvons-nous l'effort de franchir ces barrières et la chance d'être payés en retour si l'on considère le coût faramineux d'un cancer métastatique qui évolue de traitements lourds en hospitalisation pendant une, deux ou trois décennies, quelquefois davantage ?

Les crédits consacrés à la prévention des risques infectieux, base de la médecine pasteurienne, à l'origine pour une part majeure de l'allongement de notre durée de vie, sont en diminution. Cette action ne représente que 1,6 % du programme « Prévention, sécurité sanitaire et offre de soins ». Dans les tableaux qui nous sont présentés, ces crédits connaissent une baisse de 90 %, mais je reconnais que nous ne savons pas ce qui a été transféré vers l'action 18.

Dans ce chapitre, il y a bien sûr la prévention du sida. Rappelons que 7 000 à 8 000 nouvelles contaminations sont enregistrées chaque année et que 50 000 personnes ignorent leur séropositivité.

Un rapport de la Cour des comptes de février 2010 pointe l'insuffisance des crédits alloués à la prévention et l'opacité de ceux alloués aux associations. Nous sommes nombreux à en observer la traduction sur le terrain. L'association AIDES Aquitaine, par exemple, a vu ses crédits diminués de 47 % en 2009.

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