Je rappellerai d'abord une « erreur », pour reprendre le mot du président de la commission des finances. Il y a deux ans, dans le projet de loi de finances pour 2009, dont nous avons débattu en 2008, il était prévu que la croissance de l'économie française serait de 1 %. Il se trouve qu'elle a été de moins 2,6 % et que plusieurs dizaines de milliards se sont ainsi envolés. De telles erreurs peuvent se reproduire.
C'est sur ce point que je veux intervenir, et il concerne à la fois la loi de programmation pluriannuelle et la loi de finances elle-même. Je constate, en lisant le projet de loi de finances, que le Gouvernement a choisi de retenir l'hypothèse d'une croissance de 2 %. Il est évidemment nécessaire de fixer quelques paramètres macroéconomiques quand on fait une loi de finances. Le consensus des économistes – il paraît que cela existe – est que la croissance serait plutôt de 1,5 %. Peu importe. Mais dans le projet de loi de programmation, il est indiqué que la croissance serait de 2,5 % en 2012, puis en 2013, puis en 2014. Je ne sais pas s'il faut appeler cela de la foi, comme dirait notre collègue Brard, mais la conception sous-jacente de ces prévisions, qui a été rappelée par M. le ministre, c'est l'hypothèse d'une amélioration de la conjoncture et d'un retour de la croissance. C'est ce qu'il a dit il y a quelques minutes.
Ce n'est pas du tout ma conception. J'estime que c'est au contraire faire preuve de myopie, si ce n'est pas d'aveuglement. Non seulement la croissance risque de ne pas être au rendez-vous en 2011, mais nous entrerons sans doute, dès l'année prochaine – et je ne suis pas le seul à le penser –, dans une nouvelle, profonde et longue récession.
Bien sûr, comme vous, je raisonne en termes de probabilité. Mais mon scénario « récessionniste » a plus de chances de se produire que votre scénario « croissantiste ». Trois raisons me conduisent à le croire : la première est politique, la deuxième est économique, la troisième est géologique.
La première est un événement tout à fait prévisible. Il s'agit, hélas, de la probable défaite du camp démocrate, celui du président Obama, lors des élections américaines de mi-mandat qui se tiendront le mardi 2 novembre prochain.