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Intervention de François Baroin

Réunion du 18 octobre 2010 à 21h30
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2011 à 2014 projet de loi de finances pour 2011 — Motion de renvoi en commission

François Baroin, ministre du budget, des comptes publics et de la réforme de l'état :

Les propos du ministre d'État Jean-Pierre Soisson sont intéressants, car ils marquent le début d'une contestation des positions défendues par Pierre Moscovici.

Monsieur Moscovici, je trouve que vous vous radicalisez dans tous les sens du terme. Citer dans le même propos Edgar Faure et Pierre Mendès France témoigne en effet d'une radicalisation extrême, même si, s'agissant d'Edgar Faure, il est légitime qu'un Franc-comtois cite l'un de ses illustres prédécesseurs.

Votre radicalisation se manifeste aussi dans vos propos sans nuances, dans votre absence de projet alternatif ou de propositions constructives. Même si vous êtes dans l'opposition et contestez la politique du Gouvernement, vous ne pouvez écarter d'un revers de la main la réalité de la crise mondiale que nous avons traversée et qui n'est en rien le fait du Gouvernement. C'est un manque de lucidité et d'honnêteté intellectuelle pour le spécialiste des finances publiques que vous êtes, proche de M. Strauss-Kahn, lui-même directeur général du FMI (Exclamations sur les bancs du groupe SRC) et qui, le premier, a considéré que le plan de relance était adapté, que son périmètre était correctement défini et qu'il avait offert à la France une stratégie de sortie de crise lui permettant de se situer en pole position et d'avoir affronté une récession deux fois moins importante que l'Allemagne sans avoir augmenté les impôts.

Vous m'interpellez sur la cohérence et sur le choix du Gouvernement d'agir sur la dépense. Mais c'est un choix d'évidence et de continuité. Depuis 2007, le Gouvernement, sous l'impulsion du Président de la République, a toujours été attentif à la maîtrise de la dépense publique, qu'il s'agisse des dépenses de l'État, de celles de la sécurité sociale ou des collectivités territoriales.

La seconde raison pour laquelle nous devons nous attaquer à la dépense publique, c'est qu'elle dépasse cette année 56 % de la richesse nationale. Nous sommes dans le peloton de tête des pays ayant le plus fort taux de dépense publique par rapport au PIB, et il est donc naturel que nous nous attaquions à cette dépense, d'autant que notre taux de prélèvements obligatoires nous place dans le même temps dans le tiercé de tête des pays de l'Union européenne ayant, si l'on additionne les impôts et les cotisations sociales, le plus fort taux de prélèvements obligatoires rapporté à la richesse nationale.

Oui, le choix de ce budget – et nous l'assumons – est d'abord et avant tout de réduire la dépense. Nous en avons les moyens et l'obligation. Je rappelle qu'il ne s'agit pas d'un effort portant sur un seul exercice budgétaire mais qu'il s'inscrit dans la durée, que des engagements sont pris pour réduire notre niveau de déficit public à 2 % en 2014 et revenir à l'équilibre budgétaire vers 2016, en même temps que les Allemands, dont l'objectif est d'atteindre 0,3 % en 2016. Cet objectif consensuel n'est contesté par personne en Allemagne, où la totalité des recettes liées à la croissance exceptionnelle, « X large » comme dit le ministre des finances allemand, sera affectée à la réduction du déficit.

Au nom de quoi la France échapperait-elle à cette réalité ? Notre objectif intangible est de passer à 6 % l'an prochain, puis à 4 % l'année suivante et enfin à 3 % en 2013, soit notre niveau d'avant la crise.

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