J'avais effectivement participé au débat qui a présidé à l'élaboration de la stratégie immigration choisie-immigration subie.
Au-delà du problème que vient d'évoquer Serge Blisko, la France, qui connaît un certain nombre de carences, notamment dans les domaines scientifiques, doit être en mesure d'accueillir des étrangers qui peuvent, dans certains domaines, apporter un savoir tout à fait bénéfique. Nous savons, d'ores et déjà, que la France va manquer d'ingénieurs dans les années qui viennent. Il y a même, disons-le clairement, une compétition internationale. La France, en tant que nation, a le droit de défendre ses intérêts.
Là où il y a une difficulté, comme l'a souligné Sandrine Mazetier, c'est que le Président de la République a parfois de bonnes idées, il est toujours un peu excessif : il a voulu fixer un ratio qui s'est avéré totalement absurde. Il nous a expliqué qu'il y aurait 50 % d'immigration subie – en fait, l'immigration familiale – et 50 % d'immigration choisie. Nous avions dénoncé le fait que cette manière de procéder était tout de même assez péjorative pour l'immigration familiale ; mais surtout, cela ne correspondait à aucune réalité. Environ 80 000 à 100 000 personnes – je ne me rappelle plus les chiffre exacts – entrent en France au titre de l'immigration familiale. Vous avez essayé de limiter ce phénomène, mais il était difficile d'aller au-delà d'un certain seuil du fait de l'existence de conventions européennes. Ou alors, et là était le paradoxe, il aurait fallu ouvrir davantage les frontières et, pour atteindre ce ratio de 50 %, le flux de personnes étrangères qui entrent en France aurait dû se situer autour de 200 000. La réalité, en dépit d'une certaine habileté comptable, se retrouve dans les chiffres : force est de constater que cet objectif était, comme nous l'avons dit à l'époque, très irréaliste et n'avait pas beaucoup de sens. Encourager l'immigration professionnelle ne nous choque pas, mais celle-ci demeurera très limitée, à moins d'ouvrir beaucoup plus nos frontières : les étrangers qui entrent au Canada, par exemple, sont nettement plus nombreux qu'en France, et c'est précisément cela qui a permis d'adopter une politique de sélection. La France n'a pas fait ce choix.