Comment peut-on considérer comme équilibrée et solidaire une réforme qui ne met pas fin au déséquilibre extrême entre les retraites des femmes et celles des hommes ? Faut-il rappeler que le montant de la pension globale des femmes représente 56 % de celle des hommes, que quatre femmes sur dix perçoivent moins de 600 euros par mois, que 63 % des allocations minimum vieillesse sont versées à des femmes, et que celles-ci occupent 82 % des emplois à temps partiel ?
Vous répétez sans cesse que votre réforme s'inspire de celles qu'ont votées nos partenaires européens. Mais un seul d'entre eux a-t-il décidé d'allonger la durée d'activité de soixante à soixante-deux ans tout en portant de soixante-cinq à soixante-sept ans l'âge à partir duquel la décote cessera de s'appliquer ? À ma connaissance, aucun État n'a choisi d'actionner cette double guillotine.
En combien de temps allez-vous vider le Fonds de réserve pour les retraites (FRR) ?
La fin de la possibilité, pour un fonctionnaire ayant eu trois enfants, de partir en retraite après quinze ans de pleine activité, correspond, dites-vous, à une revendication du Conseil d'orientation des retraites. Celui-ci espère-t-il que le taux de natalité se maintiendra si l'on multiplie les mesures vexatoires à l'encontre des femmes et qu'on supprime toutes les dispositions visant à compenser les difficultés qu'elles rencontrent dans le déroulement de leur carrière ?
Enfin, plutôt que d'encourager le recrutement des chômeurs de plus de cinquante-cinq ans, pourquoi n'avoir pas fait le choix de maintenir les seniors dans leur emploi ? En France, leur taux d'emploi est à peine supérieur à 30 %.