Monsieur Peiro, nous sommes très éloignés de votre amendement qui porte sur un aspect très réduit de la définition de période de crise et du prix garanti. Mais je ne peux pas vous laisser dire que nous n'avons rien fait concrètement pour améliorer la situation des agriculteurs. Je ne peux pas laisser dire que nous ne travaillons pas à réduire les écarts de compétitivité avec nos voisins, car c'est ce que nous faisons depuis plusieurs mois, alors que cela n'avait plus été fait depuis des années dans l'agriculture française, parce que l'on considérait que ce sujet n'existait pas : on ne voulait pas le voir.
Nous essayons de régler ces problèmes de la façon la plus intelligente possible, en traitant sujet après sujet.
Je suis entièrement d'accord avec vous, monsieur Peiro : le coût du travail est important. Nous sommes le premier gouvernement, avec le Président de la République et le Premier ministre, à avoir proposé d'éliminer toutes les charges patronales sur le travail occasionnel dans l'agriculture. C'est effectif depuis le 1er janvier 2010 et cela coûte chaque année 170 millions d'euros au budget de l'État. J'appelle cela du soutien direct à l'agriculture française et un vrai gain de productivité pour cette dernière. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
Reste le problème du coût du travail permanent. Jean Dionis du Séjour a fait une proposition, il faut que nous étudiions ce sujet, pour formuler nous-mêmes des propositions à la fin de l'année 2010. J'y suis favorable car le coût du travail fait partie de l'autre volet de la compétitivité.
Vous avez évoqué le coût de l'énergie. Les Allemands ont développé des milliers d'unités de méthanisation chez eux. On peut toujours critiquer cette loi, prétendre qu'elle ne va pas assez loin ou trop loin, mais je constate que, pour la première fois, l'activité de méthanisation est classée en activité agricole. On donne tous les moyens aux agriculteurs français pour se mettre enfin à la méthanisation. Peut-être avons-nous cinq ans de retard en France mais, pour une fois, nous procédons concrètement.
Troisième exemple : vous avez cité les abattoirs. En termes de productivité,. il faut faire des choix collectifs. On ne peut pas tenir un discours et ne pas mettre en face des propositions. En France, il y a 200 abattoirs. En Allemagne, trois abattoirs concentrent 60 % de l'abattage de porcs sur l'ensemble du territoire. Veut-on continuer à voir les porcs de Bretagne abattus à Lübeck, comme c'est le cas aujourd'hui ? C'est une aberration économique totale. Dans les abattoirs allemands sont abattus un nombre de porcs considérable. De ce fait, le coût de revient est de dix centimes d'euro inférieur par kilo de carcasse à ce que nous pouvons faire. Je reconnais que nous ne traitons pas ce sujet dans la loi, car c'est compliqué. Cela pose des problèmes au niveau de l'aménagement du territoire, mais il faudra bien examiner ce sujet, à moins d'accepter que les porcs bretons soient abattus à Lübeck parce que le transport coûte moins cher que l'abattage en France, près de chez soi. Vous connaissez tous des producteurs qui font abattre leurs porcs en Allemagne. Ce n'est pas normal.
Dernier exemple, et cela prépare le vif débat que nous aurons tout à l'heure avec Marc Le Fur : la question des règles et des équivalences entre la France et l'Allemagne. Autoriser les 44 tonnes, comme cela vient d'être fait, constitue un moyen de récupérer deux ou trois centimes d'euro par kilo de carcasse sur le porc. Si les 44 tonnes sont autorisés en Allemagne, il serait bon qu'ils le soient en France. Seulement, et je reprends votre expression, comparaison n'est pas raison.