Ils les ramassent à 12 euros de l'heure, alors qu'elles sont ramassées en Allemagne à 7 euros de l'heure.
Nous retrouvons cette distorsion de concurrence dans le secteur des fruits et légumes, ce qui explique que, depuis quelques années, les Allemands ont gagné énormément de marchés. Cette distorsion de concurrence se retrouve aussi pour le porc.
Vous savez également, monsieur le ministre, que l'agriculture subit une distorsion de concurrence par rapport à la fiscalité. Les Allemands ont un régime de TVA qui leur permet de passer du forfait au réel, de jouer avec les TVA et de disposer d'un avantage fiscal par rapport à nous.
Grâce à l'action des Verts – c'est assez curieux – qui ont voulu se dégager du nucléaire, l'Allemagne s'est tournée de façon plus volontariste que nous dans la recherche d'énergies renouvelables. Il y a 4 500 sites de méthanisation en Allemagne, alors que nous n'en avons que trois.
Il ne faut pas dire que les Allemands ont trouvé des raisons formidables pour améliorer leur compétitivité, et que nous, Français, nous sommes nuls. Qu'avez-vous à proposer aux arboriculteurs qui arrachent chaque année des milliers d'hectares de vergers parce qu'ils n'ont même plus les moyens de ramasser leurs fruits ? Que pouvez-vous proposer aux producteurs de fruits qui sont ruinés ? Il y avait, dans mon département, voici dix ans, 1 250 producteurs de fraises ; il en reste aujourd'hui 250. Nous n'avons rien à leur proposer. Le système nous conduit à une impasse.
Nous avons voulu réguler. Nous avons voté ici des coefficients multiplicateurs qui n'ont jamais été appliqués depuis cinq ans. Maintenant, il est question de fixer un prix plancher, mais on nous répond que c'est impossible car dans une économie de marché les acheteurs iront ailleurs. Ne nous faisons aucune illusion, les acheteurs vont déjà ailleurs ! Je ne connais pas un acheteur de grande surface qui fasse du sentiment et privilégie les producteurs français par rapport aux producteurs espagnols, allemands ou marocains pour ce qui concerne les fruits et légumes. Et je ne parle pas des haricots du Kenya, des pommes de Chine, des poires d'Afrique du Sud ou des kiwis du Chili. Les acheteurs s'en moquent totalement.
Nous n'avons pas trouvé les moyens nécessaires pour soutenir la production française en matière agricole. Nous importons plus de 50 % de nos fruits et légumes, et, chaque jour, des exploitations ferment faute de rentabilité.
Monsieur le ministre, je crois sincèrement que comparaison n'est pas raison. Vous avez tort de vous arc-bouter sur une position qui nous conduit dans le mur. Cela a été dit par Pierre Méhaignerie, ancien ministre de l'agriculture, hier après-midi à la tribune.