La PAC doit devenir l'affaire politique de toute l'Europe. La construction européenne ne doit pas s'envisager sur un plan de compétitivité et de concurrence entre les différents pays européens, comme vous le faites, en occultant complètement tout le reste, en particulier les importations de viande d'Amérique du Sud, les importations de fruits et légumes d'Asie ou d'ailleurs, qui sont les conséquences de la mondialisation de l'agriculture. Cela représente, pour notre agriculture et pour l'agriculture européenne, un risque beaucoup plus grand que la concurrence qui peut exister entre pays européens.
Dans ce contexte, la préférence communautaire – et non pas la préférence nationale – fait partie des mesures à prendre. De plus en plus de voix, notamment celles des organisations syndicales, s'élèvent pour que l'agriculture soit dégagée de l'OMC et transférée dans des organismes internationaux de coopération telle la FAO. Faute de quoi, on placera l'agriculture dans un système de compétitivité, au même rang que les services et la production industrielle. Là est le vice.
Nos propositions ne participent pas du repli sur soi. Je crois possible, comme vous l'avez proposé si souvent, comme l'Assemblée l'a voté à l'unanimité dans un rapport sur la politique agricole commune, de proposer des outils de régulation au niveau de l'Europe. L'Europe, ce ne doit pas être des pays qui se battent entre eux pour l'agriculture, ce doit être des pays qui ont ensemble une politique agricole porteuse, appuyée sur une exigence d'autonomie pour chacune des grandes régions agricoles du monde. Notre grande région agricole, c'est l'Europe, et non pas la seule France.