Je l'ai dit tout à l'heure mais je le répète : je crois vraiment que le prix plancher est indispensable. Il sera d'ailleurs d'autant plus facile à fixer que le texte entend développer les interprofessions. Ce sont elles qui, par une conférence annuelle des prix, seront à même de définir, par production, ce que peut être le prix plancher. Je ne comprends pas la crispation que vous manifestez à cet égard, monsieur le ministre.
Cette proposition n'est pas faite pour le plaisir d'avoir un prix plancher. Il s'agit de se donner une base permettant de déclencher des mesures – en particulier le coefficient multiplicateur, mais vous pouvez en proposer une autre. L'objectif, c'est bien de garantir, par un prix minimum, une rémunération minimum au producteur. Pourquoi n'en voulez-vous pas ?
Derrière tout cela, il y a bien évidemment la question des marges, celles de l'agroalimentaire et celles de la distribution, en particulier la grande distribution.
Tout à l'heure, j'ai fait allusion au discours de Poligny, que Nicolas Sarkozy a prononcé le 27 octobre 2009. Je crois que vous avez oublié le sens de ce discours. C'est quand même incroyable que ce soit un député communiste, de la Gauche démocrate et républicaine, qui doive vous rappeler le sens de l'intervention d'un président que vous soutenez, vous.
Voici ce qu'il a dit : « La crise révèle, en premier lieu, un défaut de régulation européenne et mondiale auquel il est urgent de répondre ». Je précise, puisqu'il faut faire de l'exégèse, que ce n'est pas le discours que vous avez tenu tout à l'heure, monsieur le ministre, puisque vous vous situiez dans une phase d'adaptation aux prix mondiaux, et non dans une phase de réaction marquée par une volonté de régulation.
Le Président de la République poursuit, toujours à Poligny : « Elle révèle, en second lieu, des défaillances nationales réelles dans la répartition de la valeur au sein de la filière agricole. Entre le mois de septembre 2008 et le mois de septembre 2009, l'indice des prix à la production des produits agricoles a baissé de 20 %. Sur la même période, les prix à la consommation des produits alimentaires ont baissé de 1 %. »
Le Président de la République ajoute : « Cet écart est sans précédent, cet écart est inacceptable. Il révèle une répartition inéquitable de la valeur ajoutée au sein des filières. Cet écart met notre production alimentaire en danger ».