Au risque de déplaire à M. Lamour, je reviendrai sur ce qui a été dit il y a quelques instants par notre collègue Jean-Marc Ayrault, président du groupe SRC.
J'y insiste, nous nous installons dans une sorte de crise institutionnelle. (Protestations sur les bancs du groupe UMP.) Ce n'est pas moi qui le dis ; vous pourrez d'ailleurs en discuter tout à l'heure avec l'un de vos collègues qui fut Premier ministre, que vous avez soutenu et qui s'appelle M. Jean-Pierre Raffarin. Il a déclaré il y a peu que nous étions dans une crise institutionnelle. Il a raison, mais il le découvre bien tard. En effet, comment imaginer, dans ce qui est encore une démocratie parlementaire, que l'on puisse convoquer les représentants du peuple à l'Élysée, siège du pouvoir exécutif, contraignant notre assemblée à interrompre ses travaux ?
Nous considérons, sur les bancs de gauche, que nous sommes entrés dans un régime hyperprésidentiel sans le dire, le Président de la République tirant tous les avantages de cette situation qui n'est pas sanctionnée institutionnellement. Certes, il ne l'a pas voulue, mais il profite, pour s'y engouffrer, de la brèche ouverte par l'inversion du calendrier électoral. Je le dis très clairement, le Président, aujourd'hui, bénéficie de tous les pouvoirs et, comme l'a souligné Jean-Marc Ayrault, il en fait profiter tous ses amis. Lorsque le Président de la République parle d'une démocratie et d'une république irréprochables, nous savons, nous, qu'à tous les étages du pouvoir, ce sont ses amis, son clan, qui aujourd'hui dirigent notre pays.
Faut-il rappeler ici la dernière décision prise dans le cadre de la loi sur l'audiovisuel, qui permet au Président de la République de nommer et de révoquer les responsables de l'audiovisuel public et d'offrir à l'un de ses amis du Fouquet's la régie de la télévision publique en la vendant à un monsieur dont je ne dirai pas le nom, mais qui a déjà été cité à plusieurs reprises ? (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.)