Le « caractère ludique du jeu », monsieur le rapporteur, il ne nous aura pas échappé. Mais les jeux auxquels vous faites allusion, les loisirs en question, on n'est pas forcé de les soumettre à profit et à bénéfice. Jusqu'à présent, dans ces jeux, y compris ces jeux en ligne où l'on parie de l'argent, les bénéfices reviennent à la collectivité, d'une manière ou d'une autre. On peut discuter de la façon dont ils sont répartis, mais ce que vous changez avec ce texte, c'est que ce loisir que vous magnifiez, monsieur le rapporteur, devient source de profit pour certains.
Vous condamnez la notion de « morale publique ». Je le comprends. Je m'en désole pour vous, car je connais au contraire l'attention que vous portez à ce principe. Mais j'ai bien compris que nous vivions dans une époque où, à travers l'attitude de certains de ceux qui nous dirigent, les nominations à des responsabilités publiques, ou encore la concession donnée à une certaine forme de régie publicitaire, la morale publique ne compte plus pour grand-chose, effectivement.
Cela dit, monsieur le rapporteur, c'est vrai que Flaubert a été poursuivi. Baudelaire l'a été par le même procureur, contre l'avis, d'ailleurs, de Napoléon III, qui avait plutôt envie de défendre les arts et les lettres. Il défendait peut-être Mme de La Fayette. Allez savoir. Il faudrait revaloriser son rôle, lui que l'on a appelé Napoléon le petit. On a découvert plus tard dans les archives du procureur en question qu'il écrivait des romans pornographiques. C'est donc lui qui aurait dû être poursuivi et condamné.
Vous voyez, monsieur le rapporteur, cela vous choque. Vous venez de me montrer, par votre réaction, que la morale publique, vous savez ce que c'est. Demandez à vos amis du Gouvernement de s'y conformer.