À elles seules, ces raisons justifieraient que nous rejetions le texte et que nous renoncions à poursuivre le débat. Je l'ai dit, nous devons nous battre pour redonner confiance en la République, en une république qui oeuvre au nom de l'intérêt général, qui ne travaille pas dans l'urgence, qui ne saurait être soumise aux pressions d'intérêts privés, qui ne se laisse pas dicter sa loi de l'extérieur par ceux qui y trouvent un intérêt. Nous pourrions y veiller ensemble, sur tous les bancs de cet hémicycle. C'est cette république que nous voudrions voir naître de ce texte.
L'enjeu est essentiel. Je le rappelle, notre tradition législative, sans condamner le jeu, précise que les bénéfices qu'il engendre doivent toujours aller à la collectivité. Or ce que vous voulez nous faire voter, au nom d'une absolue nécessité technique et d'un contexte juridique dont il faudrait prendre en considération l'évolution au niveau européen, c'est l'idée que le jeu – dont nous évoquerons la portée morale – pourrait également dégager des profits au bénéfice des personnes privées. En d'autres termes, on aurait le droit de s'enrichir par le hasard et, le cas échéant, au détriment de la santé, des revenus et de la fortune des joueurs, en mettant les mineurs en danger par la publicité – bref, dans des conditions profondément immorales.
Je n'imagine pas qu'une assemblée comme la nôtre puisse voter un texte susceptible d'entraîner de telles conséquences. Voilà pourquoi je vous demande, avec une passion que vous me pardonnerez, car elle est celle non du jeu, mais de la République, de rejeter ce texte dès maintenant, sans laisser la discussion se poursuivre. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)