Or c'est aussi ce que vous ont rappelé les orateurs du groupe socialiste, radical et citoyen.
Mais, pas plus que vous n'êtes touchés par l'histoire, vous ne paraissez sensibles au présent et aux questions qu'il pose. En effet, dans notre pays, des milliers d'électeurs ont grandi en voyant que leurs parents n'ont jamais pu se rendre une seule fois aux urnes, ce qui a des conséquences lourdes, car le vote est un droit mais aussi un rituel civique, dont on hérite – ou pas. Que ressentent les électeurs dont les parents sont privés de ce droit ? Quel rapport cela installe-t-il à l'idée même de politique, d'investissement dans la vie de la cité ? Quand, dans des quartiers entiers, les parents d'électeurs français sont privés de ce droit, ce rite ne se transmet plus et les doutes, les colères ou les aspirations trouvent d'autres voies pour s'exprimer. Ce phénomène ne peut suffire à expliquer entièrement l'abstention énorme que nous constatons d'élection en élection, mais il a probablement un lien avec elle.
Les élus du peuple que nous sommes ne sauraient s'y résigner. En tout cas, nous, sur les bancs de la gauche, nous ne l'acceptons pas. C'est donc aussi dans le souci de revitaliser notre démocratie représentative que nous vous demandons de voter ce texte. Cessons de fabriquer des Français défiants envers les institutions de la République !
Quant à ceux – toujours les mêmes – qui invoquent les risques d'atteinte à la souveraineté, nous rappelons que cette souveraineté appartient au peuple et que, selon l'article 3 de notre Constitution, le peuple l'exerce, certes par ses représentants, mais aussi par la voie du référendum. Voter cette proposition de loi constitutionnelle, c'est donc permettre à tous nos concitoyens, souverainement, de décider par référendum de consacrer ou non cette citoyenneté de résidence.
N'ayez pas peur du peuple ; laissez-le décider souverainement de son destin. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)