Cette politique a peut-être marché un temps, en tout cas devant l'opinion publique, mais elle ne marche plus aujourd'hui. La situation de la délinquance s'est beaucoup dégradée. En tant que membre de l'Observatoire national de la délinquance, je suis bien placé pour vous dire, monsieur le ministre, que celui-ci n'utilise pas un mais trois agrégats : un agrégat concernant les atteintes aux biens, qui ont, c'est vrai, diminué ; un autre concernant les atteintes aux personnes, qui ont, quant à elles, fortement augmenté ces dernières années ; et un dernier concernant la délinquance économique et financière, qui a elle aussi augmenté. Le bilan de votre politique est donc pour le moins très contrasté. Vous pouvez vous réjouir de la diminution des atteintes aux biens, mais les atteintes aux personnes, dont les répercussions sont autrement plus importantes, n'en ont pas moins considérablement augmenté.
Votre politique est manifestement incapable de faire face à ce durcissement de la délinquance, et votre projet n'apporte pas les éléments d'une nouvelle doctrine qui permettrait d'y faire face : c'est encore et toujours de l'alourdissement de peines existantes ou de la création de nouvelles peines qu'il s'agit. Ce texte ne répond donc pas à la réalité de la délinquance.
Les difficultés sont devant vous, car l'État est en train de se désengager en termes d'effectifs. Vous dites que le problème n'est pas là, mais tel est pourtant le cas. Vous l'éprouverez sensiblement dans les mois et les années à venir car vous n'apportez pas de réponses satisfaisantes à ces nouveaux défis. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)