Nous le savons tous sur ces bancs : lorsque seront autorisées les cultures de PGM à grande échelle, parce qu'il s'agit bien de grandes cultures, la contamination se généralisera. Tout le monde en est convaincu, certains même l'avouaient ouvertement il y a seulement quelques jours…
J'insiste particulièrement sur le fait que l'article 1er porte atteinte à l'un des fondements de notre vie républicaine. Il y a plus de 200 ans aujourd'hui, notre nation s'est constituée autour de la devise « Liberté, égalité, fraternité ». Mes chers collègues, si la France occupe cette place dans le monde, ce n'est pas parce que nous sommes un peu plus de 60 millions d'habitants, ni parce que nous sommes la troisième ou la quatrième puissance économique, c'est parce que nous avons été capables de porter des valeurs universelles, au premier rang desquelles figure la liberté.
Des hommes et des femmes sont morts pour la défendre. (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Or cet article bafoue la liberté d'une grande partie des habitants de notre territoire, et notamment de ceux qui vivent de l'agriculture conventionnelle. Il bafoue la liberté des collectivités territoriales : je rappelle que 238 régions d'Europe ont adopté des motions visant à interdire la culture d'OGM. Il bafoue des principes non seulement protégés par la Constitution, mais auxquels tous les républicains sont profondément attachés.
Encore une fois, réfléchissez avant d'agir ! Quelle urgence y a-t-il à légiférer ? Croyez-vous vraiment que la pyrale constitue une menace pour notre pays ou pour l'économie mondiale ? Soyons sérieux et ramenons les choses à leur juste proportion.
Le groupe socialiste et l'ensemble de la gauche vous appellent à nouveau à décréter le moratoire. Vous avez fait jouer la clause de sauvegarde, monsieur le ministre d'État : continuez dans cette voie au lieu de faire adopter ce texte qui, en généralisant les cultures OGM, risque de provoquer des dégâts considérables et irréversibles. Choisissons plutôt la prudence. Et gardons à l'esprit que la liberté est un des fondements de notre République, et que personne, ici, n'a le droit de la bafouer. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)