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Intervention de Patrick Bloche

Réunion du 20 janvier 2010 à 9h45
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Bloche :

Bien que je suive ce dossier depuis de nombreuses années, avec plusieurs collègues, dont M. Bourg-Broc – j'ai ainsi eu l'honneur pendant une dizaine d'années d'être le rapporteur pour avis de ce qu'on appelait à l'époque les crédits des relations culturelles internationales –, j'ai failli ne pas intervenir tellement le désespoir m'accable en la matière. Pour autant, mon propos ne se veut ni polémique ni politique. Je réserve mes remarques les plus désagréables aux ministres concernés. Nos invités d'aujourd'hui assument pour leur part leurs responsabilités avec les moyens qu'on leur donne.

Les budgets de l'action culturelle extérieure de la France ont toujours été fragiles. Ils ont souvent été menacés par des gels ou des annulations de crédits, ce qui nous a conduits maintes fois à regretter que la France donne d'elle une si mauvaise image quand, engagée dans des partenariats, elle se voit obligée de s'en retirer du fait d'annulations de crédits.

Cela étant, on observe, ces dernières années, une véritable rupture, au point que nous nous interrogeons sur la nature même de l'action culturelle extérieure de la France aujourd'hui. Systématiquement, il nous est demandé, lors de nos voyages à l'étranger, de sauver un centre ici, un institut là, de trouver de l'argent pour tel autre, de préserver des postes à tel endroit, de mobiliser des crédits pour tel projet…. Nous sommes renvoyés en France comme des sortes de missi dominici chargés d'aller frapper à la porte du ministère des affaires étrangères.

Il est également désespérant de voir s'élever de façon dramatique la moyenne d'âge des francophones et francophiles qui nous sont présentés lors de nos déplacements à l'étranger. C'est à se demander si, dans dix ou vingt ans, nous pourrons toujours rencontrer ces francophones qui provoquent en nous beaucoup d'émotion par le choix des mots qu'ils utilisent et par leur connaissance de la culture française, parfois bien supérieure à la nôtre.

C'est tout de même l'image de la France qui est en jeu. Alors qu'il existe toujours un désir de France, se faire systématiquement critiquer, notamment par nos amis québécois pour être les plus mauvais militants de la francophonie, conduit à une certaine lassitude.

Il ne faut pas oublier non plus la concurrence de plus en plus forte qui existe en matière de formation. C'est ainsi que, dans l'enseignement supérieur, nous sommes aujourd'hui très concurrencés et souvent distancés.

Hier était projeté à la Cinémathèque un très beau film en hommage à Daniel Toscan du Plantier qui, en qualité de président d'Unifrance a fait beaucoup pour la culture française à l'étranger. Ce fut l'occasion de réaliser combien l'image de l'Italie a changé depuis les années 1960 et 1970 où il existait encore un cinéma italien qui, de plus, s'exportait. S'il faut se réjouir que le nôtre continue pour sa part à participer à l'image culturelle de la France, encore faut-il, pour que le cinéma s'exporte bien, qu'il ait les moyens d'être exporté, au-delà du rôle des distributeurs et des diffuseurs internationaux.

Le mécénat culturel est beaucoup moins développé en France que dans d'autres pays du fait de la tradition française de faire financer notre présence culturelle, notamment à l'étranger, par la puissance publique, même si nous avons souvent été conduits à nous tourner vers les opérateurs économiques pour financer en partie la diffusion de la langue et de la culture françaises, en leur faisant valoir que c'était bon pour leurs affaires et leurs exportations. Les entreprises françaises ont-elles vraiment conscience des retombées économiques de l'action culturelle extérieure de la France ? Constituent-elles pour vos institutions respectives des partenaires solides et fiables ?

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