Nicolas Sarkozy a rompu avec le consensus qui s'était établi depuis Jean-Pierre Raffarin. Nous avons rappelé que ce sont les socialistes qui, il y a maintenant presque trente ans, ont engagé la décentralisation. J'ai ici une pensée pour Pierre Mauroy, qui a d'ailleurs dit combien la réforme que vous proposiez aujourd'hui était une véritable régression.
Vous vous êtes joints au fil du temps à l'idée de décentralisation, puisque c'est sous le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, en 2003, que la France a été consacrée comme une République décentralisée. Nous pouvions donc penser que le consensus aurait permis une nouvelle étape de la décentralisation. Eh bien non ! Nicolas Sarkozy a rompu ce consensus national, avec, comme souvent, un diagnostic sans nuance : trop d'élus, trop cher, trop d'échelons de décision. Et l'on assène cela aux Français, en essayant de leur faire croire que chacune de ces affirmations vaut démonstration, alors que la réalité est tout autre !
Le diagnostic est en effet très contestable. Avec 525 000 élus locaux, la France a certes beaucoup d'élus, mais l'immense majorité est constituée de bénévoles. Le coût global de la fonction politique locale s'élève ainsi à 28 millions d'euros, soit 0,01 % des dépenses locales.
Laurent Fabius l'a cité tout à l'heure et je ne résiste pas non plus au plaisir de le faire : faut-il, pour s'essayer aussi à la conjonction du simplisme et du populisme, rappeler au Président de la République, chiffres contre chiffres, que le budget de l'Élysée atteint cette année 112 millions d'euros ? (« Ah ! » sur les bancs du groupe SRC.)
Les frais de personnel de la présidence, qui se montent à 70 millions d'euros, sont deux fois et demi supérieurs au coût de tous les élus locaux de la République. Par conséquent, lorsque le Président affirme qu'il y a trop d'élus et que cela coûte trop cher, c'est toujours deux fois et demi moins cher que les frais de personnel de la présidence ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Le service rendu n'est d'ailleurs pas le même pour les Français.