Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la modernisation de La Poste me tient à coeur pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, La Poste a été mon premier employeur, pendant les vacances scolaires. (« Ah ! » sur les bancs du groupe SRC.)
Par ailleurs, je dois dire à mes collègues provinciaux que le service public qu'elle fournit n'est pas moins important en zone urbaine, où se situe ma circonscription, qu'en zone rurale. Elle offre des occasions de rencontre et d'échanges, au guichet et avec les préposés ; il s'agit parfois des seuls échanges de la journée.
La modernisation ne doit pas laisser de côté cet aspect du service, celui des relations humaines. Je consacrerai toutefois mon intervention à de possibles dérives de cette dimension humaine à laquelle nous sommes tous particulièrement attachés.
À Argenteuil, au cours des sept années du dernier mandat municipal, La Poste a réhabilité deux de ses huit sites et fait part de sa volonté d'en transformer un troisième, l'un des plus productifs dans le secteur financier. Mais ce dernier était peu visible, peu accessible et il était difficile d'y stationner. Le maire que j'étais a donc proposé en 2006 et 2007 aux responsables locaux et départementaux de profiter d'une opération de promotion tout juste commencée pour déménager à cent mètres de là, sur une voie à forte circulation, donc de meilleure chalandise.
La Poste a rapidement accepté cette proposition et imposé ses dimensions considérables pour occuper un rez-de-chaussée du bâtiment en question. Le site qu'elle occupait alors devait être acheté par la ville pour intégrer la cité scolaire dans laquelle elle était enclavée. Il s'agit certes de détails locaux, mais qui sont essentiels à l'argumentation que je souhaite développer.
Une nouvelle équipe me succède à la tête de la municipalité ; j'apprends alors qu'elle remet en cause l'installation de ce nouveau bureau de poste, parce que les services patrimoniaux et nationaux de La Poste souhaitent que la collectivité participe à la réimplantation. Celle-ci a été arbitrairement estimée à 550 000 euros, montant que La Poste a accepté de prendre en partie en charge, à hauteur de 300 000 euros.
Mais comment accepter que la règle du jeu change en cours d'opération ? En effet, aujourd'hui, La Poste demande à la collectivité de lui fournir 250 000 euros pour que l'un de ses bureaux, l'un des meilleurs dépôts financiers du département, soit mieux situé, ce qui lui permettrait de faire de meilleures affaires. Il s'agit à mon sens d'une dérive inacceptable, étant donné l'effort considérable que l'État s'apprête à consentir pour augmenter le capital de La Poste.
Tous reconnaissent désormais que la création des « points poste » municipaux qui ont suppléé à certaines agences peu fréquentées a rendu un excellent service à chacun. Mais de là à demander une participation aux collectivités pour promouvoir des guichets marchands ! Il faut mettre fin à cette dérive, monsieur le ministre.
L'ouverture à la concurrence, que le libéral que je suis prône afin d'améliorer le rapport qualité-prix, ne doit pas imposer une obligation de participation à des collectivités qui joignent parfois difficilement les deux bouts. Je souhaite que la raison l'emporte et que La Poste respecte ses engagements initiaux. Les clients qui attendent d'être mieux reçus verront ainsi leurs espoirs exaucés sans bras de fer entre La Poste et la collectivité.
Je vous remercie donc, monsieur le ministre, de faire en sorte que les efforts que consentira l'État par votre entremise ne conduisent pas à demander de nouveaux efforts aux collectivités. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)