Monsieur le ministre, je veux d'abord prendre acte de votre patience et de votre écoute tout au long de cette discussion générale.
Je ne résiste pas à l'envie de vous citer la une du Monde de cet après-midi, dont le thème n'est pas très éloigné du sujet dont nous débattons. Philippe Séguin – je pense que vous l'avez bien connu – vient de présenter un rapport au nom de la Cour des comptes affirmant que la politique de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, impulsée par le Président de la République, est « dictée par des considérations budgétaires de court terme ». Selon lui, elle résulte d'une « démarche purement quantitative, […] incapable d'analyser les besoins et de programmer les effectifs en conséquence ».
Je crains que cette analyse puisse également s'appliquer à la réforme de La Poste que vous nous proposez. En tout état de cause, nous ne devons pas perdre de vue cette réflexion pertinente venant d'un homme, ô combien respecté, qui, il y a quelques années, a même présidé cette assemblée.
Le Gouvernement a déjà reculé par trois fois devant le changement de statut de La Poste.
La première fois, le Président de la République a créé une commission, la commission Ailleret, parce que la mobilisation des postiers était aussi forte et intense que l'inquiétude était grande – elle l'est d'ailleurs toujours.
Vous avez reculé une deuxième fois, puisque nous devions examiner ce projet de loi au mois de juin. Vous vous êtes rendu compte que le moment n'était pas parfaitement opportun alors que la population était appelée à voter pour les élections au Parlement européen.
Le troisième recul est lié à la consultation citoyenne. Quoi que vous puissiez en dire, et quel que soit le mépris dans lequel on tient, sur les bancs de la majorité, les millions de personnes qui se sont déplacées pour dire leur refus de la privatisation de La Poste, cette consultation a eu pour effet de remettre en cause le calendrier de la réforme.
Je veux également rendre hommage aux sénateurs de gauche. Eux n'étaient pas contraints de s'exprimer dans un temps limité.