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Intervention de Alain Vidalies

Réunion du 17 décembre 2009 à 15h00
La poste et les activités postales — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Vidalies :

Assez curieusement, si j'ose dire, cette précision sur l'objectif des 2,7 milliards a été édulcorée dans le rapport définitif. La comparaison entre les deux rédactions du rapport Ailleret éclaire la réalité de ce que vous nous demandez aujourd'hui.

Pour en revenir aux besoins de financement interne, chacun sait bien que la valorisation des délégations de service public, en termes de services à la presse, d'aménagement du territoire, d'accessibilité bancaire, aurait constitué une piste tout aussi efficace, sans nécessiter de changement de statut.

La troisième raison avancée, celle qui constitue à mes yeux le véritable objectif, tient à la nécessité de disposer des moyens de nouer des alliances stratégiques et de profiter des opportunités de croissance externe.

Nous connaissons bien cette argumentation, qui est au rendez-vous de tous les processus de changement de statut. Naturellement, nous connaissons bien aussi quelques aventures industrielles qui par la suite ont largement pénalisé la maison mère, par exemple dans le domaine de l'électricité.

Au stade où nous en sommes, nous nous interrogeons d'ailleurs sur l'opération que vous nous proposez, puisque la valorisation de La Poste n'apparaît nulle part. À quoi correspond le 1,5 milliard d'euros ? Nous n'en savons rien. Le défaut de précision dans la démarche est tout à fait édifiant.

S'agissant plus particulièrement de La Poste, l'idée d'un développement externe est-elle une idée juste ? Nous pensons au contraire qu'il s'agit d'une erreur stratégique qui ignore la spécificité des services postaux, ancrés dans les territoires, au service du public, près du terrain, dans la proximité. Cette activité implique une présence physique, des contacts humains réguliers et un maillage du territoire.

Cette fameuse croissance externe ne consiste en rien d'autre qu'à permettre demain aux dirigeants de La Poste de jouer au Monopoly de La Poste en Europe. Nous savons d'expérience que c'est un jeu dangereux qui ne répond à aucun objectif en termes de service public et dont les usagers aujourd'hui, les clients demain, risquent de payer la facture.

Le processus que vous engagez aujourd'hui n'était certainement pas inéluctable. Vous avez déjà privé La Poste d'un atout majeur par la banalisation du livret A. La transposition de la directive postale que vous avez effectuée n'a pas utilisé toutes les possibilités qui permettaient de garantir le statut et le financement de La Poste.

En effet, si nous regrettons l'abandon du secteur réservé pour assurer le financement du service universel, position défendue par les députés socialistes, nous pensons que la directive postale offrait d'autres possibilités que vous avez largement ignorées.

La seule question qui reste ouverte est celle du temps entre le changement de statut que vous nous proposez aujourd'hui et l'ouverture à des capitaux privés. Ce processus est inexorable, vous le savez parfaitement.

Nous savons tous que, demain, dans la deuxième phase, on nous expliquera qu'il est important pour La Poste de nouer des alliances stratégiques avec tel ou tel opérateur européen, mais, sur le plan juridique, comment se nouent des alliances stratégiques ? Voilà une bonne question à laquelle vous devriez répondre. On le fait par des échanges d'actions et, dans le cas de prises de participations croisées dans le capital, cela signifie que l'on retrouvera à un moment donné des capitaux privés. C'est par ce biais que l'on entrera dans la phase deux, avant que vous nous ameniez au constat qu'il est inéluctable de procéder à la privatisation définitive. Ce choix est un choix politique, de votre seule responsabilité ; j'allais dire : une sorte de choix idéologique.

Le plus extraordinaire est d'engager ce processus en pleine crise du capitalisme financier,…

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