L'économie de marché a ses vertus, mais la préservation de grandes entreprises publiques doit exister lorsqu'il y va de services à la population – à toute la population – aussi importants que celui de La Poste.
La Poste, cela a été dit, assume quatre missions de service public essentielles dans notre pays : le service postal universel ; l'aménagement et le développement du territoire, avec des bureaux de Poste partout ; le transport et la distribution de la presse ; enfin, l'accessibilité bancaire.
Avec ce texte, vous ne proposez absolument aucune vision renouvelée de ces missions, aucune perspective nouvelle pour le service public. Vous vous contentez de rappeler ces missions et de figer leur définition. Nous, nous pensons que la modernisation de la France passe par des services publics puissants, financés de manière pérenne, proches des gens, et efficaces.
L'ambition, voilà ce qui manque à votre texte. Vous auriez dû créer les conditions d'un nouveau financement de La Poste, le cadre d'une nouvelle organisation territoriale, modernisée, ambitieuse, plus proche des usagers, mieux adaptée à leurs besoins, à leurs rythmes de vie. Vous auriez pu faire de ce texte un grand texte de modernisation de La Poste, fixer des objectifs précis en termes de distribution du courrier et d'exigences de qualité.
En somme, vous aviez l'occasion de repenser complètement ce service public, de le redéfinir, en partant des besoins des usagers. Au lieu de cela, vous nous proposez un texte à courte vue, dont le seul objectif ou presque est concentré dans l'article 1er et consiste en un changement de statut juridique.
Vous savez ce que disait il y a seulement deux ans le président du groupe La Poste, Jean-Paul Bailly ? Il affirmait : « La forme juridique de La Poste n'est absolument pas un frein à sa modernisation et à sa préparation pour l'ouverture à la concurrence ».