Vous nous dites que la libéralisation totale du courrier en 2011 impose une mutation de La Poste. C'est faux, puisque la directive européenne postale de 2008 permet même de consolider le service public. Encore faudrait-il pour cela une réelle volonté politique que vous n'avez pas. En Finlande, bien que le secteur postal soit ouvert à la concurrence depuis plus de dix ans, l'opérateur traditionnel possède 95 % du marché et il est en situation de quasi-monopole.
Pour faire passer le changement de statut, tout est bon pour vous : l'alibi de l'Europe, la compétitivité, la recherche de rentabilité, mais il est facile de comprendre que, ce que vous recherchez, c'est plus de souplesse, plus de flexibilité, plus de suppressions de bureaux de poste, moins de fonctionnaires, plus de vacataires. C'est détruire un service public au service du public et le transformer en une entreprise où le public sera au service du profit.
Le Conseil national de la Résistance considérait que les services publics devaient être propriétés de la nation : vous engagez un processus de déconstruction progressive, qui se poursuivra par une vente appartement par appartement. Demain, La Poste sera le dernier service public qui quittera les zones isolées, les zones sans internet, sans téléphone portable, celles qui, demain, n'en doutons pas, n'auront même plus droit à la télévision. Demain, ce sera une concurrence exacerbée, et pourquoi pas à des prix différenciés en fonction de l'isolement et des handicaps naturels. Demain, ce sera la privatisation que vous n'osez évoquer.
Bien sûr, vous nous direz que tout cela n'est que fantasmes et élucubrations.