Dans ces cas-là, l'entreprise publique n'est pas au service des usagers, moins encore du bien commun. Elle est au service de ses actionnaires. L'écart entre la volonté de ces derniers et celle des employés qui veulent, eux, continuer de servir, crée le péril social que nous constatons actuellement chez Orange. Personne ne peut laisser faire cela sans rien dire.
Personne ne peut laisser faire cela à La Poste non plus. Chez moi, à Vichy, le service s'est continuellement dégradé : le courrier part plus tôt, il passe deux jours sur place lorsqu'il quitte Vichy et il est distribué plus tard.
Comme La Poste n'a pas encore à servir d'actionnaires, la plupart de ses cadres sert des statistiques. On rationalise, on externalise, on taylorise jusqu'à la caricature.
À Cusset, dans un centre de tri hypermoderne qui vient d'être inauguré, on retient du courrier les jours de statistiques pour que les facteurs rentrent à l'heure. Les autres jours, les tournées s'allongent.
En fait, c'est le délai d'acheminement qui s'est allongé : pour la presse locale, il n'est pas rare qu'il atteigne sept jours ; j'ai constaté récemment un délai de dix-neuf jours – deux numéros d'un bimensuel distribués le même jour ! Je me suis entendu répondre qu'une lettre postée de ma permanence vers une mairie voisine chemine par Clermont-Ferrand : 120 kilomètres de route pour en parcourir quatre ou cinq à vol d'oiseau !