Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, par la grâce de notre nouveau règlement, ceux d'entre nous qui montent à la tribune disposent d'un temps de parole beaucoup moins contraint que d'ordinaire. Cette éventualité a suffi à la majorité pour justifier l'usage d'autres disposition, dans le but de réduire nos débats, comme nous l'avons vécu tristement hier soir. Cette tentative de soumettre le débat parlementaire ne se justifie que par la nature de cette discussion et votre frilosité à avouer votre dessein devant la France et les Français : privatiser La Poste. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
En fait de droite décomplexée – celle du lip dub qui est désormais sur tous les écrans –, nous avons un mouvement libéral au plus mauvais sens du terme : il aimerait bien, à Paris, sabrer le service public le plus discrètement du monde et, dans nos régions, répéter à l'envi que l'Europe l'a contraint à se conduire ainsi.
Je ne vais pas reprendre le texte article par article. Je ne vais pas non plus revenir sur ce que la majorité appelle « l'évolution » du Gouvernement, que celui-ci se plaît à qualifier de « recul » pour nous faire croire – mais qui le croit ? – que nous avons été entendus : la promesse non écrite dans la loi – et pour cause ! – que la future société anonyme conserverait un capital à 100 % public.
Je veux insister sur trois points : la parole du Gouvernement ; les conséquences de la privatisation pour nos territoires ; le principe d'égalité.
S'agissant de la parole du Gouvernement, je vous ai entendu, monsieur le ministre, la main sur le coeur, jurer, attester, promettre, garantir, certifier que La Poste resterait assise sur des capitaux publics. « Ceux qui parlent de privatisation se trompent de combat : le capital de La Poste sera intégralement détenu par l'État et par des personnes de droit public », avez-vous dit.
Je ne demande qu'à croire le Gouvernement, mais je suis un élu de province, de l'Allier. Sur des sujets plus locaux, j'ai déjà entendu des membres de ce Gouvernement ou du précédent jurer, attester, promettre, garantir, certifier.