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Intervention de André Gerin

Réunion du 15 décembre 2009 à 21h30
La poste et les activités postales — Reprise de la discussion

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Gerin :

N'oubliez pas que, le 29 mai 2005, 55 % des Français ont repoussé la concurrence libre et non faussée du projet de Constitution européenne. Nous savons que les choix du peuple français vous importent peu puisque le Gouvernement n'a pas voulu que les Français soient consultés sur la nouvelle mouture de cette Constitution ni que le traité de Lisbonne fasse l'objet d'un vote des électeurs.

Toutefois il y a des limites à ce déni de démocratie. La votation citoyenne sur votre projet a rassemblé plus de deux millions de nos concitoyens. Mais vous vous en moquez avec mépris. Pourtant, deux millions de personnes sont-elles quantité négligeable, quand on a à y opposer une représentation nationale aux ordres en lieu et place du peuple sur le traité de Lisbonne ?

Regardons donc, monsieur le ministre, où en sont les pays qui sont allés dans la voie de la libéralisation et de la privatisation. Mon collègue, Daniel Paul, en a détaillé les modalités et les conséquences : suppression des bureaux de poste, liquidation de milliers d'emplois de postiers fonctionnaires, hausse des tarifs pour les usagers, sabotage du service public et règles de la rentabilité capitaliste.

Ces bilans ne donnent pas envie de se lancer dans cette aventure où les usagers n'ont rien à gagner et les salariés de La Poste fonctionnaires tout à perdre.

Pour les premiers, on peut prévoir, à court ou à moyen terme, la poursuite de la fermeture de bureaux de poste, la mise en cause de la suppression de la distribution du courrier, notamment dans les zones rurales, la fin du tarif unique, la distribution cinq jours par semaine du courrier au lieu de six.

Quant aux salariés de La Poste, ils sont déjà victimes des suppressions d'emplois – plus de 30 000 dans l'Union européenne, 10 000 par an en France –, du travail à temps partiel et des nouvelles formes d'externalisation et de précarité.

Les faits sont têtus. Alors que la crise financière marque l'échec du capitalisme de la dictature financière, il est suicidaire de continuer dans une voie qui conduit droit dans le mur. Livrer les services publics aux appétits du marché, c'est programmer leur destruction.

La Poste publique a fait ses preuves. Que l'on songe à l'extraordinaire proximité des facteurs et des usagers, de nos bureaux de poste et des populations, des services rendus extraordinaires, de l'apport à l'aménagement du territoire et à la vie locale. Elle peut parfaitement continuer à accomplir cette mission. Elle doit pour cela échapper à tout prix aux critères marchands. Il appartiendrait à l'État de lui en donner les moyens, mais vous avez choisi la voie inverse. Nous aurons l'occasion d'y revenir dans la suite de la discussion. Pour l'heure, il serait urgent d'arrêter les dégâts. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SRC.)

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