« Ils sont fous », se dit-il. « S'ils avaient été là avant, ils auraient taxé la pension militaire d'Abel, qui a perdu une jambe à la guerre ! »
Lentement, le temps passe. C'est dur d'être seul.
Heureusement, Pierre est en bonne santé ; il peut rester chez lui. Il ne veut pas songer à ce qui se passera quand ce ne sera plus possible : la maison de retraite ? « Vous n'y pensez pas, cela coûte, dit-on, 8 000 francs par mois et ma retraite, c'est 6 000francs ». Et quand son fils lui dit : « Allons, papa, c'est 900 euros », Pierre reconnaît qu'il devrait faire un effort. « Il faut vivre avec ton temps, papa ! » poursuit son fils et Pierre lui répond : « Il est beau ton temps : plus d'école, plus de médecin. On me dit aussi qu'il n'y aurait plus de maternité et pourquoi pas plus de facteur, pendant que tu y es ? ».