Je suis très content que vous le précisiez, parce que le ministre l'a présentée tout à l'heure comme une décision quasiment actée. Il est donc important de dire que, pour le moment, il ne s'agit que d'une hypothèse, et que rien n'est encore fait.
En fait, la vraie question est de savoir à quel résultat tout ce que vous nous proposez de faire aboutira. J'ai parlé de France Télécom tout à l'heure et je n'y reviendrai pas, mais je voudrais évoquer EDF.
Quand, en 2004, vous avez souhaité changer le statut d'EDF et de GDF, le grand discours était qu'il fallait en faire des champions. Dans quel état se trouve aujourd'hui votre champion EDF ? Si l'on regarde tout d'abord le parc électronucléaire, depuis sept ans, EDF a perdu un point de disponibilité par an, c'est-à-dire sept points en sept ans. En conséquence, nous avons aujourd'hui des risques de rupture d'alimentation du réseau dans notre pays, alors qu'il y a seulement quelques mois, vous vous vantiez d'être « le château d'eau nucléaire de l'Europe. » Et on nous annonce qu'il faudra importer l'équivalent de quatre à cinq tranches de centrale nucléaire dans les jours qui viennent ! De plus, la situation n'est pas près de s'améliorer, non pas parce que les centrales ont vieilli plus vite, mais tout simplement parce que, pour satisfaire l'actionnaire, privé ou public, on a tiré sur la sous-traitance, sur l'entretien, et que certaines unités sont aujourd'hui à l'arrêt.
Quant aux agents –j'ai évoqué le cas de France Télécom mais nous pourrions aussi parler d'EDF –, ils sont plus stressés qu'avant. Les sous-traitants sont pressurés pour avoir les prix les plus bas et n'offrent pas forcément les garanties nécessaires en matière de technicité et de compétence. Enfin, les réseaux sont très mal entretenus. Les députés du Sud-Ouest se souviennent de la tempête Hugo et savent que si nous avons eu autant de dégâts, c'est parce que, depuis des années, l'entreprise EDF n'avait pas élagué comme elle aurait dû le faire dans ces régions et n'avait pas mis les réseaux en souterrain. Voilà le résultat de ce que vous avez appelé « la constitution d'un champion dans l'énergie. »
Mais j'en reviens à La Poste. On nous dit que rien ne changera. En réalité, le changement a déjà commencé. D'abord, tout est fait pour que nos petits bureaux de poste ruraux ne résistent pas. Nous connaissons bien la méthode qui consiste à changer systématiquement les agents et les horaires pour que les usagers ne s'y retrouvent plus et perdent l'habitude de s'y rendre.