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Intervention de Jérôme Chartier

Réunion du 9 décembre 2009 à 21h30
Projet de loi de finances rectificative pour 2009 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJérôme Chartier :

Chacun d'entre vous, mes chers collègues, a eu l'occasion de dire ce qu'il aurait fallu faire pour tenter de limiter, en 2009, les effets de la crise.

Je voudrais faire le tour des situations dans le monde, sans recherche d'exhaustivité, faire quelques mises en lumière sporadiques, afin que chacun puisse savoir, lorsque l'on dit que la crise n'est pas terminée, de quoi il s'agit.

Aux États-Unis, le comportement du consommateur a changé. Selon M. Dillon, le chairman de Kruger, la plus grande chaîne de supermarchés traditionnels aux États-Unis a réalisé au troisième trimestre 17,7 milliards de dollars de vente, via des milliers de dépanneurs, que l'on trouve aussi au Canada. Kruger a affiché 875 millions de dollars de pertes au troisième trimestre, Il a tenté d'identifier les raisons de cette contre-performance. M. Dillon explique les choses simplement : certains Américains ont choisi d'être plus disciplinés sur leurs dépenses et d'acheter moins cher quand les autres ont tout simplement arrêté d'acheter parce qu'ils n'ont pas l'argent pour dépenser.

En d'autres termes, le consommateur américain n'achète plus que dans les endroits où on lui offre des réductions ou des subventions – trois cravates pour le prix d'une –, des primes à l'automobile, ce qui est assez cohérent avec le fait qu'un adulte sur huit, soit 12,5 % de la population, et un enfant sur quatre, soit 25 % de la population, reçoivent désormais des food stamps, des bons alimentaires.

Dans la même veine, McDonald's a annoncé hier soir que ses ventes en novembre s'étaient contractées, pour le deuxième mois consécutif, aux États-Unis, et avaient également reculé en Chine et en Allemagne. La raison avancée est du même ordre : 1a compétition vers le prix le plus bas. À titre d'exemple, leur principal concurrent, Burger King, a mis le double cheeseburger à un dollar et Dunkin Donut propose aujourd'hui un menu à 99 cents.

Si, comme quelques-uns le pensent, le rebond des matières premières en 2009 était amené à se dégonfler une fois la vague de surinvestissements chinoise passée et si l'économie restait toujours aussi fragile, ce genre d'exemple montrerait à quel point le mécanisme déflationniste peut s'enclencher dans une économie où le ratio dette privée sur PIB est aussi élevé et où les acteurs du crédit possèdent tous de bonnes raisons de restreindre leur activité ou leur consommation.

Un indice peut être révélateur de la vision de nombreux professionnels des marchés du comportement futur sur les matières premières, c'est l'achat très récent par le Mexique, pour un montant de 1,2 milliard de dollars de primes, de ce que l'on appelle des puts, sur le pétrole, afin de couvrir le risque pour ses exportations de 2010 en cas de faiblesse persistante de la demande. Je rappelle que le même genre de couverture lui a rapporté 5 milliards de dollars en 2009. Mais qu'un des principaux acteurs du marché anticipe le prix à la baisse pose problème.

On connaît l'ampleur des difficultés de Dubaï. Du fait de la baisse de notation survenue hier, la Compagnie nationale d'électricité et d'eau sera obligée d'apurer par anticipation, le 14 décembre 2009, une dette de 2 milliards de dollars dont le remboursement était normalement prévu en 2036.

Cette situation fait craindre aux Mexicains que les pays du Golfe n'ouvrent grand les robinets de pétrole pour remplir leur caisse, ce qui ferait mécaniquement chuter les cours. Leur inquiétude se justifie d'autant plus que l'agence Moody's a déclaré ce matin qu'elle faisait passer un certain nombre de GRI, government related issuers – ces entreprises de service public qui ont la confiance des autorités des Émirats arabes unis –, sous revue négative, pour baisser éventuellement leur notation.

Au Japon, les statistiques publiées ce matin, qui expliquent d'ailleurs la baisse du Nikkei, décrivent une hausse de 1,3 % en rythme annuel de la croissance, alors que l'on nous annonçait il y a un mois à peine une hausse de 4,8 %. Voilà qui ne va pas dans le sens d'un rebond en V de l'économie, d'autant qu'en nominal, le PIB du Japon a en fait reculé de 0,9 % ; il n'affiche un résultat positif que grâce à la déflation.

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