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Intervention de Françoise de Panafieu

Réunion du 25 novembre 2009 à 21h30
Grand paris — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançoise de Panafieu :

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, nous avons à légiférer sur l'acte I de la création du Grand Paris. C'est donc un acte fondateur, qui fait suite au discours de lancement, ambitieux et visionnaire, du Président Sarkozy le 29 avril dernier, devant les élus et les architectes urbanistes ayant répondu à la consultation sur l'avenir de la métropole.

Comment faire en sorte que les décisions prises soient l'aboutissement d'un travail fait à travers des structures adaptées, où chacun ait toute sa place et puisse s'exprimer ? Comment faire en sorte que, dans une politique d'urbanisme global, Paris, la capitale, trouve sa juste place ? Quelles structures pour quels projets ?

Quand on évoque l'aménagement urbain, de grandes références viennent à l'esprit : le baron Haussmann, le préfet Delouvrier ont été de grands aménageurs et des hommes inspirés ; mais l'époque n'est plus la même, la décentralisation est passée par là et les élus exigent aujourd'hui, à juste titre, d'être considérés dans toutes leurs fonctions et toutes leurs responsabilités. Ils seront présents dans le conseil d'administration de la Société du Grand Paris, et les états généraux, auxquels ils doivent participer, sont essentiels pour définir les priorités dans la réalisation des futurs projets, quels qu'ils soient.

Monsieur le secrétaire d'État, nous avons aussi entendu les architectes, qui craignent de ne pas trouver leur juste place. Ils ont raison de s'en préoccuper, et de s'être organisés en un groupement dont Christian de Portzamparc a pris la tête. Si l'Atelier international du Grand Paris devra entériner les projets retenus avec la collaboration des services d'urbanisme de l'État, de la région et des villes concernées, afin de lancer ensuite les appels d'offre internationaux, il ne devrait à mon sens le faire qu'à partir de projets examinés par le groupement des architectes et soumis aux élus concernés. Non seulement les architectes ne sauraient être écartés, mais ils doivent, tout comme les élus, être au coeur de l'histoire : on ne le répétera jamais assez.

Prenons un exemple : l'acte I du Grand Paris porte sur la création d'une nouvelle ligne de métro automatique de 130 kilomètres de long autour de Paris et reliant les pôles d'activité économique. Deux questions, au moins, se posent : comment ces 130 kilomètres seront-ils agencés ? Quelles seront les séquences souterraines et les séquences en surface ? Les tracés doivent être justes, et je vois mal les élus et les architectes absents d'un tel débat. Les politiques, les géographes, les architectes et les urbanistes doivent s'exprimer sur ce sujet, et fournir, comme c'est indispensable, une analyse fine.

Quant aux liens entre les différents pôles d'activité économique, liens dont les chambres de commerce débattront, il ne faut pas oublier que 93 % des trajets effectués en transports en commun le sont par des usagers qui vont de leur domicile à leur lieu de travail, à leurs lieux de loisirs ou aux commerces, contre seulement 7 % pour les trajets entre entreprises. Là encore, le point de vue des élus et des architectes doit être pris en compte, sans oublier, bien sûr, la population elle-même : la Commission nationale du débat public est d'ailleurs chargée d'organiser la consultation populaire.

Après cette brève évocation des structures à mes yeux indispensables, j'en viens à la place de Paris capitale dans ce grand projet. « Je ne connais aucune autre ville où le coeur est à ce point détaché de ses membres », a déclaré Richard Rogers, l'un des dix architectes urbanistes, au sujet de Paris et de sa région. Il y a aujourd'hui urgence à penser une politique d'urbanisme globale afin de recoudre un tissus urbain malmené, entre autres, par un périphérique assimilable à un rempart enserrant la ville.

Sur ce point aussi, je prendrai un exemple : l'aménagement du 81e quartier de Paris sur le site des Batignolles, la plus grande superficie d'un seul tenant – cinquante hectares au total – à aménager dans la capitale. Pour l'instant, seuls un parc de dix hectares – dont cinq à peu près aménagés à ce jour – et, grâce à l'opiniâtreté de la maire du 17e arrondissement Brigitte Kuster et surtout à la décision du Président de la République, le tribunal de grande instance, ont trouvé leur place.

Les élus du 17e arrondissement demandent par ailleurs le prolongement de la ligne 14 vers la Porte de Clichy et l'arrêt à Cardinet, afin d'assurer la desserte de ce nouveau quartier. Mais ne croyez-vous pas que, dans le cadre du Grand Paris, et compte tenu de l'emplacement de ce futur quartier de cinquante hectares situé aux abords immédiats du périphérique, les dix cabinets d'architectes devraient conduire une réflexion plus globale pour donner une vraie identité, un nouveau souffle, à toute la partie nord de notre capitale et aux nombreuses communes avoisinantes ?

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