Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la présidente de la commission, chers collègues, l'augmentation du budget de la mission « Culture » de 3,9 % est légitime à plus d'un titre car elle s'accompagne d'un souci constant d'optimiser chaque euro dépensé pour la culture, exigence absolue en période de crise.
Cela passe notamment par la rationalisation de nos institutions et de nos actions, notamment grâce au regroupement des écoles supérieures d'art, à la création d'un centre unique pour la conservation du patrimoine et à l'application de la règle de non-renouvellement d'un départ à la retraite sur deux.
Néanmoins, les économies ne sont pas une fin en soi. Il faut prendre en compte la valeur ajoutée de la dépense publique. Ainsi, chaque euro consacré à la restauration d'un monument historique rapporterait 20 euros à l'ensemble de notre économie. Les 400 millions d'euros dévolus au patrimoine monumental et archéologique profiteront donc pleinement à l'emploi, à l'activité économique de nos entreprises et au développement de notre attractivité touristique. Je crois inutile de rappeler que le patrimoine, notamment monumental, est une composante essentielle de l'identité nationale et contribue au rayonnement international de la France.
Sauver le passé sans négliger l'avenir est la raison d'être du programme « Création ». La forte proportion – 86 % – des crédits dévolus au spectacle vivant se justifiera d'autant plus que l'on mènera les réformes nécessaires issues des entretiens de Valois et que l'on réglera les problèmes liés à l'intermittence du spectacle. Il est urgent de le faire.
Ce programme ne consacre, comme toujours, que 7 % aux arts plastiques. Qu'il me soit permis de le regretter. Nous devons absolument intensifier notre investissement dans la création plastique si nous voulons que les nouveaux Pablo Picasso, Henri Matisse ou Pierre Bonnard puissent émerger pour enrichir le patrimoine de demain et alimenter le marché de l'art.
À ce sujet, je me réjouis que le Palais de Tokyo demeure un lieu d'envergure pour l'innovation et les artistes émergents. Je me réjouis également que soient maintenues des manifestations internationales comme Monumenta consacrées aux artistes confirmés.
Enfin, l'augmentation du budget de la mission « Culture » est légitime car la culture est une nécessité pour tous. Notre politique culturelle n'a pas pour but d'ouvrir à grandes eaux le robinet d'argent public pour distraire ou flatter l'ego de quelques privilégiés. Bien au contraire, la hausse de 1,9 % hors personnels des crédits du programme « Transmission des savoirs et démocratisation de la culture », témoigne de la volonté du Gouvernement d'agir au plus près des personnes, jeunes ou moins jeunes, quelle que soit leur situation.
À cet égard, il faut se réjouir que les actions pour l'éducation artistique et culturelle s'accompagnent d'un effort important en faveur des résidences d'artistes dans les établissements scolaires et les ressources documentaires, notamment numériques, qui pourront enrichir le portail « Histoire des arts ». L'enseignement obligatoire de l'histoire des arts récemment mis en place, tout comme la pratique artistique, sont nécessaires à la diversification des publics.
Parallèlement, la numérisation du patrimoine culturel et de la création est un vecteur précieux de l'égal accès de tous à la culture, particulièrement des personnes éloignées de l'offre culturelle. Elle n'interviendra bien entendu que dans le respect des droits d'auteur, en application de la loi HADOPI.
Plus on agit près des territoires, plus la démocratisation culturelle est efficace. Il y a donc tout lieu de se féliciter de la poursuite du rééquilibrage en faveur des DRAC, dont les crédits progresseront de 9,7 % en 2010. Ainsi, plus de 35 % des crédits de la mission « Culture » seront gérés au niveau déconcentré. J'y vois une juste reconnaissance de la qualité du travail des DRAC.
Cette dynamique patrimoniale menée au plus près des territoires et de leurs élus se manifeste aussi dans l'article 52 du projet de foi de finances. Il offre aux collectivités territoriales la possibilité de gérer et de réhabiliter un patrimoine qui leur tient à coeur, pourvu que les représentants de l'État donnent leur accord et contrôlent l'exécution des travaux, afin de vérifier qu'ils présentent toutes les garanties scientifiques et patrimoniales. Cet article manifeste une volonté historique de collaboration confiante entre l'État et les collectivités.
Pour toutes ces raisons, le groupe UMP votera avec enthousiasme ce budget quasiment inespéré, puisqu'il nous donne les moyens d'approfondir notre politique culturelle ambitieuse, malgré le contexte budgétaire contraint que nous connaissons. J'espère, monsieur le ministre, que vous continuerez à soutenir ces arbitrages favorables à la culture. C'est l'une des priorités de notre majorité, qui a bien compris que la culture est nécessaire à notre société pour construire la civilisation de demain.