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Intervention de Marie-George Buffet

Réunion du 12 novembre 2009 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2010 — Économie : plan de relance de l'économie

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-George Buffet :

L'optimisme des ministres, est-il écrit dans l'article, « doit être relativisé. La production industrielle accuse une chute de 11 % au troisième trimestre par rapport à la même période en 2008. Quant aux prévisions de croissance de l'investissement dans l'industrie, elles sont en retrait de 22 % ». L'inefficacité de votre plan de relance semble être reconnues bien au-delà de nos rangs !

Les banques ont reçu des aides publiques sans que l'État leur ait demandé des comptes. Aussitôt reçues, les aides ont été utilisées sans aucune transparence, et les banques se vantent aujourd'hui de leur possibilité de boursicoter à nouveau. Au lieu d'un grand emprunt, n'est-ce pas là qu'il fallait chercher les moyens de la relance, ainsi que dans la suppression du bouclier fiscal ? La commission chargée du grand emprunt parle de 32 milliards… je rappelle que le bouclier fiscal, c'est 15 milliards !

L'État a accordé 65 milliards d'aides aux entreprises sans que, là non plus, il leur soit demandé des garanties sur l'utilisation de cet argent pour l'emploi ou l'amélioration des productions. Bien au contraire, l'État a même conditionné son aide au groupe Trève à la fermeture de deux usines !

Comment pouvez-vous encore parler d'un plan de relance pour relancer croissance et emploi ? Le chômage ne cesse d'augmenter et les entreprises peinent toujours à accéder au crédit. Signe révélateur de la crise qui se poursuit, les impayés de cotisations des entreprises bondissent ; et malgré l'action tant vantée d'OSÉO, 46 000 salaries de PME ont subi la fermeture de leur entreprise dans les trois derniers mois ; depuis janvier 2009, 100 000 emplois industriels ont été supprimés. Si les banques ont renoué avec le profit, pour les femmes et les hommes de ce pays, le plus dur est à venir. Le Président veut moraliser le capitalisme pour que tout continue comme avant, mais la crise est celle d'un système : le capitalisme. En allongeant toujours plus d'argent sur la table pour les actionnaires et pour les plus fortunés, en poursuivant dans la logique du tout marchand et de la libre concurrence au détriment de l'intérêt général, c'est à de nouvelles crises que l'on nous conduit.

Il faut un véritable plan de relance, qui rompt avec les logiques en place responsables de la crise. C'est de cela dont notre pays a besoin. Il faut construire une économie moderne, une politique industrielle conforme aux défis du développement durable. Les axes que nous proposons pour la relance sont donc très différents, vous l'aurez compris, de ceux que vous portez, monsieur le ministre.

Ils consistent d'abord à soutenir ceux et celles qui créent les richesses dans ce pays en améliorant les conditions de travail, en valorisant les missions et métiers, en assurant une véritable sécurité d'emploi et de formation, et, surtout, en incitant à utiliser les richesses créées par le travail pour les salaires, pour la recherche, pour une nouvelle façon de produire.

Les axes que nous proposons d'emprunter visent à conquérir un vaste champ pour les services publics. Assurer à nos concitoyens le droit à la santé, à l'éducation, aux transports, à l'énergie ou au logement appelle une mobilisation des financements publics vers des investissements humainement rentables. Pour appuyer une croissance durable, il faut orienter l'argent vers des projets utiles, agir à la racine et construire et construire une maîtrise publique du crédit. C'est le sens de notre proposition d'un pôle financier public, apte à donner les moyens d'une nouvelle politique industrielle.

Il faut également mettre en oeuvre des fonds publics régionaux afin de bonifier les crédits des entreprises qui ont des projets créateurs d'emplois et respectueux de l'environnement.

Il faut enfin faire en sorte que ce plan de relance soit maîtrisé par les salariés eux-mêmes. Nous devons mettre en valeur notre plus belle richesse : l'intelligence de ces hommes et de ces femmes qui, par leur travail, assurent notre développement.

C'est pourquoi nous proposons de donner un vrai pouvoir de décision dans la gestion des entreprises aux salariés et aux organisations syndicales des entreprises publiques ou privées. Les choix de gestion doivent permettre à nos entreprises de répondre aux besoins.

Vous le voyez, il s'agit de donner les véritables outils d'une relance porteuse de progrès sociaux et de développement durable. Vous comprendrez donc que le groupe GDR se prononcera contre votre plan.

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