Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Patrick Bloche

Réunion du 9 novembre 2009 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2010 — Médias et avances à l'audiovisuel public

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Bloche :

…que reste-t-il aujourd'hui du « Grand Soir audiovisuel » annoncé alors si bruyamment ?

Le moins qu'on puisse dire est que la suppression de la publicité en soirée n'a pas produit d'effet d'aubaine, en termes d'audience, pour les chaînes de France Télévisions. Pour justifier mon propos, je n'arguerai pas que, dans ce domaine, M6 est passée devant France 3 en septembre dernier : non seulement cette avance ne s'est pas confirmée le mois suivant – et c'est heureux ! –, mais il est regrettable que la réforme mise en place en début d'année soit passée à côté de l'essentiel notamment pour France 3, chaîne de la proximité. Cette chaîne devait avant tout résoudre son problème d'identité et faire preuve de créativité pour diversifier les tranches d'âge de son public.

Les parrainages et les placements de produits annihilent la perception positive que la plupart des téléspectateurs auraient pu avoir de l'absence d'écrans publicitaires après vingt heures.

C'était un pari bien illusoire, et surtout nostalgique – mais la nostalgie n'est plus ce qu'elle était –, de croire que la disparition de la publicité pouvait contrer la concurrence que France Télévisions et les autres chaînes historiques subissent de la part des chaînes de la TNT ou encore d'internet.

S'il y a, fort heureusement, une différence entre l'audiovisuel public et les chaînes privées, contrairement à ce qu'affirme, de manière si péremptoire, celui qui considère que France Télévisions ne diffuse pas assez d'émissions politiques, elle est indépendante de la réforme engagée. Elle tient, avant tout, au dynamisme des équipes des chaînes publiques, qui refusent la standardisation et l'uniformisation des programmes. En témoigne le renouvellement total de la politique de France Télévisions en matière de fiction, alors que le groupe finance à lui seul 50 % de la production audiovisuelle. Ce chiffre est d'ailleurs inquiétant pour l'avenir de la filière cinéma, mais il s'agit là d'un autre débat.

Cela dit, encore faut-il que les chaînes publiques aient les moyens financiers de leurs ambitions. À cet égard, le récent rapport de la Cour des comptes a sonné, tel un tocsin, pour nous alerter sur le fait que France Télévisions, victime des objectifs changeants et contradictoires de l'État actionnaire, était « une entreprise fragilisée ». En effet, comment ne pas mesurer la fragilisation de l'entreprise lorsque l'on constate que la recommandation de la Cour des comptes, visant à « affecter tout aléa favorable sur le chiffre d'affaires publicitaire du groupe à la réduction du déficit du groupe », a été délibérément ignorée par le Gouvernement.

Nous avons ainsi assisté à un véritable hold-up de l'État actionnaire qui s'est offert honteusement le luxe de récupérer 35 des 105 millions d'euros de recettes publicitaires supplémentaires en journée. Monsieur le ministre, c'est Plus belle la vie pour le Gouvernement !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion